Langue majoritaire vs Langue dominante

Deux termes qui sont souvent utilisés de façon interchangeables. Pourtant, ils n’ont pas la même définition. Si la langue majoritaire est souvent la langue dominante, ce n’est pas nécessairement le cas. Quelles définitions pour ces termes? Est-ce que ces langues peuvent évoluer?

Langue majoritaire

La langue majoritaire est la langue qui est utilisée par la majorité des personnes dans la communauté. Il s’agit généralement de la langue officielle du pays.

Plus que la langue la plus entendue dans la communauté, la langue majoritaire est celle qui a le plus haut statut. Il se peut qu’une langue soit parlée par la plupart des gens dans une communauté (ou quartier), sans que ce soit une langue majoritaire. Même si la langue est parlée majoritairement, elle n’est pas celle qui a le plus haut statut, ce n’est pas celle qui est utilisée pour les documents officiels, à l’école, etc.

Il est possible d’avoir plusieurs langues majoritaires. C’est le cas de Montréal qui a deux langues officielles : le français et l’anglais. Bien que le français soit parlé par une plus grande majorité, l’anglais a un statut élevé, officiel, et parlé par un grand nombre de personnes.

Langue dominante

La langue dominante d’un bilingue est la langue dans laquelle il se sent le plus à l’aise. C’est sa langue forte, la langue dans laquelle on va pouvoir observer les meilleures compétences linguistiques : le plus de mots, les phrases les plus longues, le moins d’hésitations.

Il se peut qu’un bilingue se sente plus confortable dans une langue pour un domaine. Mais dans l’autre langue pour un autre domaine. La langue dominante est celle dans laquelle il est le plus à l’aise dans la plupart des situations.

Il est rare qu’un bilingue n’ait pas de langue dominante. Le bilinguisme équilibré (sans dominance) est très rare.

L'enfant bilingue et ses langues

On est parfois tenté de parler de langue majoritaire en parlant de la langue que l’enfant entend le plus dans son entourage. Les premières années, c’est souvent la langue de la maison que l’enfant entend le plus. Cela peut aussi être le cas si l’enfant est scolarisé dans la langue de la maison. Mais c’est la communauté qui définit la langue majoritaire. Ce n’est donc pas la langue qui domine dans le quotidien de l’enfant, mais dans la communauté.

Si la langue majoritaire reste la même, peu importe l’exposition aux langues, la langue dominante évolue en permanence. Les premières années, il n’est pas rare que la langue dominante soit la langue de la maison (minoritaire). Quand l’enfant est davantage exposé à la langue majoritaire avec l’école, la langue dominante devient quasi systématiquement la langue majoritaire. Un enfant qui est amené à changer de pays verra probablement sa langue majoritaire, et sa langue dominante changer.

Et si l’enfant reste vivre dans le même pays, la dominance évoluera également en permanence malgré tout. Lors d’un séjour dans votre pays d’origine, la langue minoritaire prend probablement un peu plus de place. Visualisez la dominance comme un continuum. Les langues sont plus ou moins dominantes selon les moments de la vie. 

Voila de quoi mieux comprendre les textes qui parlent de bilinguisme avec ces termes! Si vous avez des questions, n’hésitez pas à les mettre en commentaires.

Orthophonie en contexte de bilinguisme – Podcast Une orthophoniste en coulisse

Vous êtes orthophoniste, et vous aimez les podcasts? Vous aimerez celui de Marie-Philippe, une orthophoniste en coulisse. Des entrevues avec des orthophonistes ou autres professionnels, des épisodes solos, et des capsules scientifiques.

Le concept du podcast

Il s’agit de courts épisodes qui s’adressent aux professionnels, et abordent des thèmes divers autour de la pratique de l’orthophonie.

Dans les capsules solos, Marie-Philippe partage ses (très bonnes) astuces d’organisation, et ses réflexions sur sa pratique. Comment gérer son temps, son syndrome de l’imposteur? Comment créer un canevas efficace?…

Les capsules scientifiques décortiquent et vulgarisent un article de recherche, en lien avec le langage. Les enfants TDL ont-ils des difficultés en écriture? Y’a-t-il un lien entre TDAH et TDL?…

Et il y a également les entrevues qui permettent de mettre en lumière des orthophonistes dans un cadre particulier : une orthophoniste en milieu scolaire ou encore bloggueuse. Mais aussi des professionnels qui peuvent graviter autour de l’orthophoniste, comme une orthopédagogue, ou encore une conseillère en orientation. C’est vraiment un podcast très riche pour notre profession, qui peut intéresser d’autres professionnels également!

Mon entrevue avec Marie-Philippe

Au micro de Marie-Philippe, j’ai répondu a des questions sur mon expérience d’orthophoniste auprès d’enfants bilingues. Nous avons parlé de mon parcours professionnel. Puis, nous sommes revenues sur les mythes qui entourent le bilinguisme, et les répercussions qu’ils peuvent avoir dans notre profession. L’évaluation et la prise en charge en orthophonie auprès des enfants bilingues ont également été brièvement abordés. Comment évaluer, comment prendre en compte la biculturalité de l’enfant? Comment s’adapter quand les parents ne parlent pas français?

C’était un échange très intéressant. C’est MON expérience d’orthophoniste en contexte de bilinguisme. Mais rappelez-vous que chaque enfant bilingue a une histoire linguistique spécifique, et d’autres expériences pourraient être différentes. Je travaillais avec des enfants bilingues, mais je parlais leurs langues, je connaissais leurs cultures. J’espère cependant que mon vécu vous donnera des pistes de réflexion.

Pour écouter mon entrevue avec Marie-Philippe, c’est ici.

Bonne écoute!

3 imagiers originaux

Les imagiers peuvent être un moyen intéressant de stimuler le vocabulaire de votre enfant. D’autres articles à ce sujet vous ont donné des idées pour les utiliser. Ici, je vous propose une sélection de trois imagiers avec une originalité, qui vous permet encore plus de créativité!

L’encyclopetit

Ce grand imagier cartonné propose une catégorisation bien différente des imagiers habituels. D’un coté, on trouve ce qui est doux, de l’autre, ce qui pique, mais aussi ce qui est froid/chaud, ce qui fait du bruit, etc. Cette catégorisation permet à l’enfant de faire d’autres associations. Jusqu’ici, il associait l’ananas et la pêche ensemble, car ce sont des fruits. A présent, il sait que ce qui les différencie, c’est leur texture : l’un est doux, l’autre est piquant. Associer des caractéristiques aux objets facilite la mémorisation des mots.

Les jolies illustrations de Ingela P. Arrhenius, et les grandes pages cartonnées en font un superbe livre. Je regrette seulement la traduction en français. Le yaourt, ou la crème glacée ne peuvent pas vraiment être considérés comme “doux” en français.

Avec votre enfant :

  • Exagérez vos expressions devant les différents adjectifs : “oh ça pique! Ouille ouille!”
  • Recherchez tout ce que votre enfant connaît, ou ce qu’il pense très doux, piquant, etc.
  • Allez plus loin, demandez-lui s’il connaît d’autres choses qui sont chaudes, ou qui font du bruit, etc. Vous pouvez partir à la recherche d’items qui correspondent dans la maison!

Dans la boîte

De nouveau, ce livre propose une catégorisation peu commune aux imagiers. Ce livre se regarde a l’horizontal. Sur une page est dessiné une boîte qui nous invite à l’ouvrir. On tourne alors la page pour découvrir le contenu de boîtes et de sacs divers. On peut “ouvrir” un sac de plage, une trousse à pharmacie, ou encore une valise, une boite à pizza, etc. Les illustrations sont très colorées et minimalistes. Une idée d’imagier vraiment originale qu’il est facile de transformer en jeu!

Avec votre enfant :

  • Avant de tourner la page pour “ouvrir” la prochaine boîte, imaginez ensemble ce qu’on pourrait trouver dedans!
  • Certaines boîtes permettent d’imaginer beaucoup plus d’items. Ainsi, demandez-lui ce qu’il aimerait mettre dans son panier à pique-nique, dans sa valise, ou sur sa pizza!
  • Prenez des vrais objets (jouets ou objets), pour recréer vos propres boîtes!

Mon imagier à toucher

Pas de catégorisation dans cet imagier, mais une présentation particulièrement originale! Deux items se fondent sur une page blanche. Utilisez le bout de vos doigts pour toucher le relief qui permet de les distinguer. Une devinette les accompagne. Tournez la page, et vous trouverez ces items en couleurs!

Associer le tactile à une devinette permet de multiplier les caractéristiques que l’on associe avec l’objet en question. Plus on associe de caractéristiques à un objet, plus on augmente son vocabulaire, et plus il est facile de retenir le mot.

La quatrième de couverture suggère d’utiliser ce livre à partir de 4 ans. N’hésitez pas à le proposer plus tôt! Il évoluera avec votre enfant.

Avec votre enfant :

  • Verbalisez ce que vous ressentez au toucher. “Oh ça fait comme des vagues” quand on touche le serpent. On peut aussi parler des détails que l’on ressent sous ses doigts : la petite feuille en haut de la tige, l’aile en forme de coeur, les écailles qui font des demi-cercles, les petits pics du couteau et les grands pics de la fourchette, etc.
  • Sur le même principe, faîtes vos propres devinettes! Vous pouvez par exemple utiliser du sable pour dessiner ce que vous voulez faire deviner à l’autre!

Connaissiez-vous ces imagiers? Lequel vous tente le plus?

Le confinement et la langue dominante

Dans un précédent billet de blog, je vous parlais de l’effet du confinement sur la langue minoritaire. Ici, je continue cette interrogation sur un autre aspect du bilinguisme : la dominance des langues. Le confinement a-t-il pu inverser la tendance?

Qu’est-ce que la langue dominante?

La langue dominante est la langue la plus “forte”, la langue dans laquelle le bilingue est le plus à l’aise, et/ou qu’il utilise le plus. Les bilingues n’ont pas forcément la même langue dominante toute leur vie. Les bilingues “de naissance” ont souvent pour langue dominante la langue de leurs parents les premières années. L’entrée à l’école est souvent le moment où la langue majoritaire prend le dessus. D’autres changements dans la vie peuvent avoir un effet sur la dominance. Est-ce le cas du confinement?

Renversement de situation

Indéniablement, le confinement a souvent eu un effet positif sur la langue minoritaire. Malgré cela, la langue majoritaire reste la langue dominante de la plupart des enfants. Pour quelques familles, une inversion s’est pourtant produite.

Ça a pu être le cas de familles dans lesquelles les deux parents parlent la langue minoritaire. Pour les enfants non scolarisés, la langue majoritaire s’est alors effacée du quotidien. Olivia, 2 ans, ne s’exprimait presque plus en français, langue majoritaire, à la fin du confinement. Un séjour au Portugal a permis de consolider ses acquis. Aujourd’hui, le français a repris une place, mais le portugais est toujours bien présent. Cette exposition prolongée à la langue minoritaire a permis un meilleur équilibre entre les langues.

C’est aussi le cas d’enfants qui ont pu séjourner longuement dans le pays d’origine de leur(s) parent(s). Après 3 mois de confinement, Marius, 4 ans, a passé 3 mois en France. Alors que le catalan était utilisé à 95% du temps, il refusait de le parler en rentrant. Aujourd’hui, il le parle de nouveau, mais continue de parler français avec sa maman.

L’inversion de la dominance s’est donc produite avec une très forte exposition à la langue minoritaire durant le confinement, couplé avec un séjour dans le pays d’origine. Elle est cependant temporaire.

Le continuum du bilinguisme

En l’absence de renversement de situation, cela veut-il dire qu’il n’y a eu aucun effet sur la dominance des langues?

En réalité, la dominance n’est pas aussi simple qu’une langue dominante et une langue non-dominante. Il s’agit d’un continuum. Aux extrêmes de ce continuum, on y trouve le monolinguisme dans chaque langue. Au milieu, un bilinguisme équilibré. Rares sont les bilingues qui ont un bilinguisme équilibré. Les bilingues se déplacent sur ce continuum toute leur vie, selon les événements. Ce confinement en est un exemple.

Les enfants de Marie ne parlaient que peu français avant le confinement. Ils insèrent a présent des mots de français dans leurs phrases en anglais. Ces emprunts sont généralement plutôt faits dans la langue dominante. Cela montre donc qu’il y a bel et bien eu du mouvement sur l’axe de la dominance.

Tout comme le confinement a eu un effet sur la langue minoritaire, il a eu un effet sur la dominance des langues. Cependant, le confinement seul n’a pas renversé totalement la tendance. Il a permis un déplacement sur le continuum du bilinguisme. Quels sont les événements qui ont eu un effet sur votre continuum?

Le confinement et la langue minoritaire

Quitter les bancs de l’école ou de la garderie pour quelques mois, c’est réduire l’exposition à la langue majoritaire. Passer plus de temps avec son ou ses parent(s), c’est augmenter l’exposition à la langue minoritaire. Alors quel effet le confinement a-t-il pu avoir sur cette langue?

J’ai récolté le récit d’une quinzaine de parents. C’est un petit échantillon. Mais je constate que, tout comme chaque famille vit son aventure plurilingue de façon unique, chaque famille a vécu cette expérience de façon singulière. Dans cet article, je vous partage donc les grandes lignes qui ressortent de ces témoignages.

L’effet positif du confinement

De façon quasi unanime, les parents interrogés parlent d’un effet positif  du confinement sur la langue minoritaire. Les observations diffèrent un peu selon l’âge des enfants.

Les plus petits ne disaient parfois que quelques mots avant le confinement. Plusieurs parents évoquent une explosion du langage dans la langue minoritaire pendant le confinement. Iris est passée des mots isolés aux phrases pendant cette période. C’est donc dans la langue minoritaire que ce passage s’est fait. Georges, 2 ans, a eu une explosion lexicale en anglais, sa langue minoritaire.

Si la langue majoritaire n’était pas clairement dominante pour les tout-petits, elle l’était pour les plus grands. Ce confinement a donc permis de redonner une “vraie place” a la langue minoritaire, comme le dit Marie. Ses enfants parlaient principalement en anglais, mais lui parlent à présent aussi en français! C., 4 ans, déclare même : “Tu vois maman, je parle français maintenant!”. Elle qui parlait très peu français fait maintenant des phrases complexes dans cette langue!

Le confinement, un succès pour tous?

Cette année un peu spéciale nous a amené à nous confiner, mais nous a aussi parfois séparés de la famille. Ces séjours dans le pays d’origine, et les visites de la famille sont des moments très importants pour l’enrichissement de la langue minoritaire. Des moments qui ont été retirés à de nombreuses familles. Certains ont compensé ce manque avec des rituels à travers le petit écran. Mais ces rituels ne peuvent remplacer une vraie immersion.

“Une semaine en Espagne serait le top pour faire le déclic” dit Silvia qui a vu sa fille commencer à faire de vraies phrases en espagnol pendant le confinement. Cependant, quelques familles ont eu la chance d’avoir ce temps au pays cet été. Melina dit que les progrès réalisés pendant le confinement ont permis a sa fille d’être vraiment à l’aise pour communiquer une fois au Portugal.

Dans d’autres cas, la situation a amené des familles à passer un séjour prolongé dans le pays d’origine. C’est le cas de R,, 4 ans, qui ne parlait jamais français avant ce séjour de 5 mois en France. Il communique à présent dans cette langue avec ses grands-parents.

D’ailleurs, les parents sont quasi tous unanimes. Les progrès constatés pendant le confinement sont comparables à un passage au pays. Ces séjours seraient peut-être même plus bénéfiques à la langue minoritaire, car les enfants se retrouvent en contact avec des monolingues. Dans ce contexte, ils ont donc un réel besoin de parler cette langue.

L’exposition à la langue minoritaire a été le point positif du confinement pour certains. La situation a cependant d’autres conséquences, et a souvent privé le contact prolongé avec des monolingues pendant la période estivale. Ce n’est donc pas un bilan tout rose, mais beaucoup plus rose que certaines expériences vécues en cette année particulière!

Mon bébé sait-il différencier ses langues?

Le bébé qui naît dans un environnement bilingue se retrouve confronté à un univers sonore plus varié qu’un bébé monolingue. Mais sait-il à quelle langue les sons qu’il entend appartiennent? Sait-il même qu’il s’agit de deux langues différentes? Séparer ses langues est une condition nécessaire pour que le bébé bilingue développe par la suite son langage. Mais alors, quand et comment cette différenciation se fait-elle? Le bébé bilingue met-il plus de temps que le monolingue à reconnaître ses langues?

Le nouveau-né préfère sa langue maternelle

En suçant plus activement sur une tétine, le nouveau-né montre qu’il préfère non seulement la voix de sa mère, mais aussi sa langue maternelle. A la naissance, le bébé est capable de distinguer sa langue maternelle d’une autre langue, si cette dernière n’est pas de la même catégorie rythmique. Ainsi, un nourrisson peut discriminer l’anglais de l’espagnol, mais pas l’espagnol de l’italien.

Mais qu’en est-il des nouveau-nés bilingues? 

Une étude a comparé des nouveau-nés monolingues anglophones à des bilingues tagalog-anglais. Les nourrissons monolingues montraient une nette préférence pour leur langue maternelle. Quant aux bébés bilingues, ils ont montré la même préférence pour leurs deux langues. Cela veut-il dire qu’ils sont attirés par les deux langues, ou qu’ils ne reconnaissent aucune des deux? Les chercheurs ont donc poursuivi l’étude pour tester la discrimination des langues. Les nouveau-nés monolingues, comme les bilingues, ont été capables de différencier les deux langues.

Le nourrisson bilingue reconnait donc ses deux langues. Le fait qu’il ait une préférence pour ses deux langues ne veut pas dire qu’elles sont confondues, puisqu’il est déjà capable de les différencier.

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Le saviez-vous?

Les langues du monde ont été classées en trois groupes selon leur rythme :

  • langues accentuelles (langues germaniques, arabe)
  • langues syllabiques (langues latines, yoruba, telugu…)
  • langues moraïques (japonais, tamoul..).

Le bébé différencie les langues rythmiquement proches

A la naissance, le bébé différencie deux langues qui n’appartiennent pas à la même classe rythmique. Qu’en est-il des langues qui s’apparentent?

Le catalan et l’espagnol sont deux langues qui ont des propriétés rythmiques très semblables. Une étude a montré que les bébés monolingues, tout comme les bilingues, étaient capables de les différencier dès l’âge de 4 mois et demi.

Mais lorsque ces bébés sont exposés à une troisième langue (anglais), ils réagissent différemment. Alors que les bébés monolingues montrent peu d’intérêt pour cette langue étrangère, les bébés bilingues regardent plus rapidement le haut parleur. Il est possible que la langue jamais entendue soit plus intéressante pour l’enfant. Mais, il est aussi possible que le bébé bilingue ne se tourne pas aussi rapidement vers sa langue maternelle, car il doit déterminer d’abord laquelle des deux langues est parlée . Ce serait peut-être lié à une capacité précoce d’inhiber une langue, capacité que les bilingues doivent développer.

Très précocement, les bébés bilingues sont sensibles aux différences rythmiques de leurs langues maternelles, même si celles-ci appartiennent à la même classe rythmique.

Le bébé se spécialise dans ses langues maternelles

Le bébé est capable de discriminer les sons de toutes les langues, mais il perd progressivement cette capacité entre 6 et 12 mois. Il se spécialise pour ne discriminer que ceux qui sont utiles pour sa langue maternelle. 

Les bébés bilingues se spécifient également pendant la première année. Prenons le son [d] : vous paraît-il différent en français et en anglais? En français, la langue se positionne contre les dents, alors qu’en anglais, la langue touche le palais. Cette distinction, des bébés monolingues français de 10 mois ne la font plus, contrairement à des bébés bilingues.

Des études montrent que pour certains sons, la discrimination des sons serait temporairement en retard chez les bébés bilingues. Cependant, cette observation n’est pas constante. Il n’y a à ce jour que des hypothèses pour expliquer ce phénomène.

De même les séquences de sons ne sont pas toujours autorisées selon les langues. Par exemple, le catalan permet d’avoir des groupes de consonnes en fin de mot, contrairement à l’espagnol. Une étude a montré que les bébés monolingues catalan de 10 mois préféraient les séquences de sons qui pouvaient exister dans leur langue maternelle. Les bébés bilingues ont montré une préférence mitigée, selon la langue la plus entendue à la maison. Dans le cas où le catalan dominait à la maison, la préférence allait pour les séquences “légales” en catalan. Lorsque l’espagnol dominait, on n’observait pas de préférence nette, mais une préférence plus marquée que pour les monolingues espagnol.

Le bébé utilise des indices sur le visage

Avez-vous déjà redouté le téléphone dans une langue que vous ne maîtrisiez pas? Les adultes ne sont pas les seuls à utiliser les indices visuels. Les bébés les utilisent aussi pour différencier leurs langues.

Une étude a fait visionner des vidéos, sans le son, de femmes qui racontaient des histoires, à des bébés monolingues et bilingues anglais-français. Selon les groupes, les vidéos étaient toutes dans la même langue, ou dans une langue, puis dans l’autre. Si les bébés regardaient plus longuement la vidéo au changement de langue, cela voulait dire qu’ils différenciaient les langues avec les seuls indices visuels. A 4 et 6 mois, les monolingues étaient capables de différencier en regardant les visages, mais vers 8 mois, ils avaient perdu l’intérêt pour l’autre langue. Pas les bilingues.

Une autre étude a observé le mouvement des yeux des bébés pour voir quelle partie du visage de l’interlocuteur les bébés regardent. A 4 mois, les monolingues regardent les yeux, a 6 mois la bouche et les yeux (début du babillage). A 8 mois, ils regardent plutôt la bouche, mais s’en désintéressent a 12 mois, sauf si c’est une langue étrangère.

Lorsque l’étude a été réalisée avec des bilingues, on a observé que les bilingues s’intéressent déjà à la bouche à 4 mois (autant à la bouche qu’aux yeux), et continuent de regarder plus intensément la bouche à 12 mois. Ils prêtent donc attention à la bouche de leur interlocuteur plus tôt et plus longtemps que les monolingues. Cela fait partie de leur processus de différenciation des langues.

En résumé

Le bébé bilingue utilise donc très précocement des indices sonores et visuels pour différencier ses langues. On observe parfois un petit décalage dans l’acquisition des sons, mais à peine perceptible. Par ailleurs, on note que la dominance d’une langue peut également impacter cette différenciation. Mais, de manière globale, le bébé bilingue n’est pas du tout confus. Il est capable de séparer ses deux langues bien avant de parler.

Livres interactifs pour encourager la compréhension de consignes

Un livre animé a deux avantages. Il permet de captiver l’attention des enfants, et de stimuler la compréhension! Dans cet article, je vous présente deux séries de livres interactifs que j’affectionne particulièrement.

Les livres du petit lapin

C’est une petite collection de trois livres interactifs, sur des thèmes proches du quotidien du tout-petit : le bain, le dodo, et les bobos! Sur chaque page, l’enfant est invité à participer : il doit suivre les consignes!

L’enfant va être amené à mettre le shampoing sur la tête du petit lapin, de souffler pour le sécher, d’éteindre la lumière pour que petit lapin s’endorme, ou encore mettre un pansement sur son bobo!

Ces livres sont un vrai coup de coeur pour les enfants qui commencent à comprendre des consignes. Si votre enfant n’est pas encore capable de comprendre les consignes, vous pouvez les faire. Il vous imitera peut-être!

Dans le quotidien de l’enfant, il ne sera pas question de taper dans les mains pour enfiler le pyjama, ou de souffler pour sécher les cheveux! Si ce ne sont pas les consignes que vous lui donnerez, on y retrouve tout le vocabulaire lié aux routines de l’enfant.

Auteur : Jörg Mühle

Edition  : Ecole des Loisirs (Pastel)

Format du livre : Livre cartonné

Age : dès 12 mois

Langue(s) : français, anglais, italien, espagnol, catalan, suédois, polonais, gaélique,…

Date de Parution : Août 2018 (dernière édition)

Prix : 8,50 euros

  • Compréhension de consignes simples
  • Vocabulaire
  • Séquence temporelle
  • Raconter une routine
  • Si votre enfant ne semble pas comprendre les consignes, faîtes-les, et laissez-le vous imiter.
  • Utilisez les illustrations pour amener votre enfant à raconter la routine de Petit Lapin.
  • Parlez avec votre enfant de sa propre routine : est-ce qu’il fait les mêmes choses que Petit Lapin? Qu’est-ce qui peut le consoler après une chute?

Fais-toi rire/peur

Deux autres livres interactifs qui mettront sûrement un sourire sur le visage de votre enfant!

Avec “Fais-toi rire”, préparez vos plus belles grimaces, vos mains pour chatouiller… et préparez-vous à rigoler devant le chameau devenu dromadaire, ou le zèbre qui a perdu ses rayures!

Avec “fais-toi peur”, préparez-vous à avoir peur du dragon qui crache du feu, ou du crabe qui pince, mais aussi à faire peur à l’ogre, l’autruche, ou le fantôme!

Un livre idéal pour encourager la compréhension de consignes avec le sourire!

Fais un bisou a la grenouille, chatouille le clownSur chaque double page, l’enfant est invité à faire une action. Il peut ensuite soulever un volet pour voir le résultat de son action!  La grenouille s’est transformée en prince, le clown triste rigole,….

Illustrateurs : Christian Guibbaud et Vincent Mathy

Edition  : Milan

Format du livre : Livre cartonné avec des volets

Age : dès 12 mois

Langue(s) : français

Dates de Parution : Avril/Octobre 2019 (dernière version)

Prix : 10,90 euros

gaélique,…

Date de Parution : Août 2018 (dernière édition)

Prix : 8,50 euros

  • Compréhension de consignes simples
  • Vocabulaire
  • Inférences
  • Si votre enfant ne semble pas comprendre les consignes, faîtes-les, et laissez-le vous imiter.
  • Expliquez à votre enfant que c’est son action qui a provoqué ce qui est derrière le volet. “Regarde, tu as frotté le zèbre, maintenant il n’a plus de rayures!”. Cela permet à votre enfant de comprendre ce qui se passe.

Info Langage

A quel âge mon enfant comprend une consigne?

La compréhension des consignes se fait progressivement. Il est possible que votre enfant ne soit pas encore capable de comprendre la consigne que vous lui donnez. Voici un repère que vous pouvez utiliser :

  • 1-2 ans : comprend une consigne simple, contenant 1 seul élément :  “Donne-moi ton doudou”, “montre-moi le chat”, “Viens ici”.
  • 2-3 ans : comprend une consigne contenant 2 éléments liés : “ Enlève tes chaussures et ton manteau”, “Va dans ta chambre, et prend ton manteau”. C’est aussi la période où l’enfant est capable de comprendre des concepts spatiaux simples : “mets la poule dans la ferme.”
  • 3-4 ans : comprend une consigne contenant 3 éléments liés : “Montre-moi le chat, le chien et la poule”. L’enfant peut comprendre 3 actions liées : “Enlève tes chaussures, range-les, puis viens ici.”; et des concepts spatiaux et temporels : “Va donner le livre à papa, puis viens dans la cuisine.”

Quand vous donnez une consigne à votre enfant, rappelez-vous de tenir compte de son niveau de compréhension. Pensez aussi à vous mettre à sa hauteur, pour capter son regard. Utilisez des gestes au besoin pour aider à la compréhension.

Des cubes pour stimuler le langage

Les cubes sont un bon support pour le développement du langage. Les possibilités sont grandes, pour stimuler l’attention conjointe du tout-petit, l’imitation, le vocabulaire, etc. Dans ce billet de blog, je vous présente deux des mes jeux de cubes préférés. Il est cependant tout à fait possible de s’inspirer des conseils donnés ici pour les utiliser avec les cubes que vous avez à la maison!

Topanifarm - Djeco

C’est un jeu de cubes gigognes en carton robustes et joliment décorés. On y trouve de petites ouvertures pour accueillir des animaux en plastique. 

Ici, je vous montre comment faire évoluer ce jeu avec le développement du langage de votre enfant. Vous pouvez aussi retrouver cette démonstration en vidéo sur instagram.

- Avec le bébé qui babille -

Vous allez pouvoir encourager votre tout-petit à imiter des gestes. Ainsi, vous pourrez faire coucou aux animaux, taper aux « portes », ou applaudir. Comme il y a 6 animaux, vous allez pouvoir offrir ce modèle à répéter 6 fois. 

Vous pouvez aussi l’amener à imiter des sons avec tous les bruits des animaux. Mais c’est aussi possible de faire « boum » en faisant tomber les cubes, etc.

- Avec le bébé qui dit des mots -

En jouant avec votre enfant, proposez-lui des choix. Tu veux la vache ou le cochon? Plein d’autres choix peuvent être proposés afin d’encourager des prépositions, adverbes ou verbes. On met le chien dedans ou dehors? Il fait dodo ou il mange? etc.

- Avec le bambin qui assemble les mots -

Quand le bambin a environ 50 mots, il commence à les assembler pour faire ses premières phrases! Vous pouvez simplifier vos phrases pour lui suggérer des phrases à sa portée. « Oh la maison du chat! », votre enfant dira sûrement « maison chat » (ou peut-être même « maimai miaou »!). C’est tout à fait normal. Vous pouvez aussi encourager des phrases sujet-verbe. Le chat dort. Le chien tombe. etc.

- Avec le bambin qui fait semblant -

L’enfant peut faire semblant de mettre les animaux à dormir, ou à manger. Mais, il est aussi possible de combiner ces cubes avec d’autres jeux. Ainsi, la niche devient la maison d’un personnage, ou l’étable devient un garage!

- Avec l'enfant qui développe son langage -

Ne mettez pas trop vite ce jeu de côté! Il peut être utile plus tard. Vous allez pouvoir encourager la compréhension et la production de prépositions spatiales. Je mets le chat SUR la maison. Le chien est caché DERRIERE la niche. Vous pouvez aussi lui proposer des petites consignes. Vous pouvez aussi penser à l’article « du », qui est parfois régularisé en « de le« . La maison DU chat. La répétition dans le jeu permettra à votre enfant d’utiliser la bonne forme. 

La tour des consignes - Placote

Des cubes en mousse colorés avec des consignes pour les tout-petits. A chaque cube un type de consignes : montrer des parties du corps, imiter des animaux, etc.

Ici, je vous présente toutes les possibilités pour la stimulation du langage au-delà de la compréhension de consignes. Vous pouvez retrouver ces conseils en vidéo sur Instagram

- Imitation -

Votre enfant n’est pas encore capable de suivre les consignes? Dans un premier temps, vous pouvez juste utiliser les cubes en mousse pour l’amener à imiter.  Jouez à côté de votre enfant : lancer, empiler, faire tomber… Puis ajouter du son : « hop hop… boum! ».

Quand votre enfant grandit, vous pouvez utiliser les consignes sur les cubes. Mais, dans un premier temps, c’est vous qui suivez les instructions! Et vous laissez votre enfant vous imiter.

- Tour de rôle -

Un prérequis au langage? Et oui, dans une conversation, vous alternez les tours de parole! Commencez par lancer les cubes, empiler les cubes chacun à votre tour. Une fois le principe compris, vous pouvez ajouter les autres règles du jeu. 

- Vocabulaire -

Les consignes incluent un grand nombre de mots : les parties du corps (cube violet), les animaux (cube orange), les verbes d’action (cube vert), etc. Votre enfant est actif dans le jeu, il doit suivre les instructions, ce qui lui permet de mieux retenir ces mots de vocabulaire.

- Compréhension de consignes -

Vous pouvez commencer par des consignes très basiques : lance le cube, donne-moi le cube… Dès que votre enfant en est capable, vous pouvez lui lire les instructions des cubes qui sont illustrées pour faciliter la compréhension. Ces cubes demandent à votre enfant d’imiter des animaux, d’aller chercher des objets dans la maison, etc. Ce sont les premières consignes que votre enfant est capable de comprendre.

Voilà donc deux jeux de cubes que j’aime beaucoup pour les tout-petits. Si vous avez d’autres cubes chez vous, vous pouvez aussi utiliser certains conseils et les appliquer avec vos cubes. Bon amusement!

Le « parler bilingue »

La personne bilingue a deux langues à sa disposition pour communiquer. Lors d’une conversation, une de ces langues est choisie inconsciemment. C’est la langue de base. L’autre langue reste cependant plus ou moins active. Elle peut, ou non, intervenir dans l’échange. C’est de nouveau un choix inconscient qui est fait par la personne bilingue. Cette intervention peut se faire sous forme  d’alternances de codes, ou d’emprunts. On parle alors de “parler bilingue ». Mais avec qui se permet-on le parler bilingue? Et pour quelles raisons?

Les alternance de codes

Si vous êtes bilingue, il vous arrive sûrement souvent d’incorporer un mot d’une langue, alors que la conversation se déroule dans une autre langue. Parfois, ce sont même des bouts de phrases, voire des phrases entières qui sont intégrées dans le discours. L’autre langue peut même intervenir plusieurs fois dans le même énoncé. C’est ce qu’on appelle l’alternance de codes, ou le code-switching.

Il n’est pas nécessaire d’aller chercher bien loin un exemple. Le terme “code-switching” est souvent utilisé, même dans les écrits en français.

“Peux-tu pickup la commande au shop?”

Les alternances de codes ont les caractéristiques suivantes :

  • Elles arrivent dans le discours sans hésitation, sans pause, ou correction.
  • Elles respectent à la fois la grammaire de la langue de base, et celle de l’autre langue.

Ces alternances n’interviennent donc pas par hasard dans le discours. C’est un phénomène normal pour les personnes bilingues, qui ne dénote pas d’un manque de connaissances, bien au contraire.

Les emprunts

Il vous arrive aussi très certainement d’utiliser des mots de l’autre langue, que vous modifiez pour les intégrer dans la langue de base. Aïda dit par exemple qu’elle transforme régulièrement des verbes anglais, pour en faire des verbes français.

« Je vais te forwarder l’email de Pierre. »

Parfois, on utilise un mot qui existe dans la première langue, mais avec le sens de l’autre langue. Par exemple, le verbe “to support” en anglais, est utilisé avec le sens de “soutenir” comme en anglais. Il arrive aussi qu’on emprunte à l’autre langue, en traduisant littéralement dans la langue de base.

Il y a les emprunts spontanés, et les emprunts établis. Ces derniers font partie intégrante d’une langue. Dans l’exemple précédent, “forwarder” est un emprunt spontané, alors que “email” est un emprunt établi. Les emprunts spontanés sont plus fréquents, seulement certains d’entre eux deviennent des emprunts établis.

Le continuum des bilingues

Quand vous parlez à une personne qui partage vos deux langues, il y a de fortes chances que vous utilisiez le “parler bilingue”. Mais, quand vous vous adressez à votre grand-mère qui ne connaît pas du tout votre seconde langue, vous restez sur un mode monolingue. Vous évitez alors les alternances de codes, et les emprunts, mais vous hésitez parfois, vous cherchez vos mots occasionnellement.

Ces deux modes langagiers ne sont pas les seuls que vous utilisez. Ce sont deux extrêmes sur un continuum. Il y a des modes langagiers intermédiaires. Par exemple, avec un bilingue que vous ne connaissez pas bien, vous vous permettrez moins de mélanges. Avec votre mère, qui a quelques connaissances dans votre seconde langue, vous vous permettrez quelques emprunts, mais pas trop.

Le bilingue se promène donc sur ce continuum en fonction de son interlocuteur. Mais, tous les bilingues ne s’y promènent pas de la même manière. Certains acceptent moins le “parler bilingue”, et l’utilisent peu. D’autres l’utilisent constamment. On peut aussi se balader sur ce continuum pendant une conversation. Vous vous apercevez pendant l’échange que votre interlocuteur parle aussi votre seconde langue. Vous pourrez alors passer du mode monolingue, a un mode bilingue.

Pourquoi les bilingues "code-switchent"?

Il ne s’agit bien entendu pas de paresse, ou de manque de maîtrise, comme on l’entend parfois. Ces alternances n’arrivent pas par hasard dans le discours, elles demandent un certain niveau de connaissance des deux langues.

La plupart du temps, c’est parce que le mot semble plus juste dans la seconde langue. Traduire ne paraît pas aussi exact. Vous avez sûrement des exemples qui vous viennent en tête!

La langue de base n’est pas forcément celle que l’on utilise dans tous les domaines. Imaginons que j’utilise l’anglais au travail. Si je parle de mon métier en français, je serais plus tentée d’insérer des mots anglais, que si je parle d’un autre sujet.

Cela peut aussi servir à citer une personne. Pourquoi traduire si notre interlocuteur comprend?

On pourrait aussi utiliser l’autre langue pour mettre un mot, ou une idée en relief.

Les raisons sont linguistiques, communicatives, mais peuvent aussi être sociales. On peut faire intervenir l’autre langue pour signaler à notre interlocuteur que nous faisons partie du même groupe. Au contraire, on peut l’utiliser pour exclure une personne de la conversation. Cette langue peut aussi servir à se donner plus d’autorité dans certaines situations, etc.

Les bilingues oscillent donc sur un continuum entre le “parler bilingue” et un mode monolingue. Ils font des mélanges, qui ne sont pas liés à la paresse. Ce sont des mélanges qui ne sont pas faits au hasard, c’est un phénomène normal du bilinguisme.

Mon grand imagier quiz

Si vous avez lu mon dernier billet sur les imagiers, vous savez qu’il est préférable de diminuer les questions pour éviter la situation de quiz. Mais alors, pourquoi recommander un livre qui comporte le mot quiz dans le titre? Cet imagier est en réalité plein de ressources très intéressantes pour le langage!

Des questions variées

Varier les questions est une des alternatives à la question “c’est quoi?” que je suggérais. Ce livre est justement une grande richesse quand on ne sait pas comment varier nos questions. On y retrouve des questions très diverses :

  • des questions sur les caractéristiques de l’item.
  • des questions sur les fonctions de l’item.
  • des questions qui font appel à l’expérience de l’enfant.
  • des questions devinettes.

Compréhension de questions

Poser des questions permet également de stimuler la compréhension de ces dernières. Il est donc intéressant de les utiliser, surtout en variant les différents types de questions. Cet album en propose une grande panoplie, avec de nombreux mots interrogatifs différents.

  • Qui? A qui?
  • Quel? Lequel?…
  • Avec quoi? Avec qui?…
  • Combien?

Utiliser les questions pour commenter

Ces questions peuvent aussi être transformées en commentaires, afin d’alterner questions et commentaires. Si vous manquez d’idées pour commenter les imagiers, vous trouverez dans ces questions une source d’inspiration!

« Tu mets tes chaussettes, puis tes chaussures. »

« Regarde, le lapin a des poils. Le perroquet a des plumes. »

Faire des associations sémantiques

Les questions sont si variées qu’elles permettent de mettre en avant des tas de caractéristiques liées à l’item. On parle de sa couleur, de sa fonction, de ses particularités, etc. Autant d’éléments que l’on peut associer à un item, à un mot. Cela permet non seulement d’avoir un vocabulaire diversifié, mais également de mieux retenir les mots.

Les questions devinettes apportent beaucoup pour faire des liens sémantiques.

Le camion de pompier est associé à son bruit. Il pourrait aussi être associé à l’échelle, la couleur rouge, etc.

Un classement différent

Les imagiers suivent souvent la même catégorisation. On y trouve les animaux, les pièces de la maison, les véhicules, etc. Ce classement est très intéressant pour faire des liens sémantiques. Cependant, j’aime également proposer des imagiers qui offrent une catégorisation différente. Ici, on retrouve des items réunis sur une même page, car ils font tous du bruit, ou parce qu’ils se mangent.

Cette nouvelle catégorisation permet de montrer à l’enfant qu’un même item peut être rangé dans différentes catégories. Ainsi, le lion peut être associé à la girafe parce que ce sont tous les deux des animaux de la savane. Mais le lion peut aussi être associé au camion de pompier, car tous deux font du bruit. L’enfant peut alors ajouter des caractéristiques à chaque mot, faire encore plus de liens sémantiques.

Association d’items  bruyants qui ne sont habituellement pas regroupés ensemble. 

Les items sont associés à leur toucher (poilu, dur, piquant…), leur saveur (sucré, salé, croquant…), leur odeur, etc.

Cherche et trouve

Un petit plus avec cet imagier : il fait aussi office de “cherche et trouve”. On y retrouve une bande en bas de page, avec différents items présents sur la page. On peut utiliser ce cherche et trouve pour faire de ce “quiz” un jeu avec votre enfant. A vous d’adapter l’utilisation de ce livre à votre enfant : selon ses intérêts, et son niveau de langage.

Un album avec de jolies illustrations qui peut donc être utilisé de multiples façons. Ce que je préfère dans ce livre sont toutes les idées de questions, ou commentaires, que l’on peut faire. Le classement, qui change des catégories classiques, contribue aussi à faire de cet imagier un coup de coeur.