Le confinement et la langue minoritaire

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Quitter les bancs de l’école ou de la garderie pour quelques mois, c’est réduire l’exposition à la langue majoritaire. Passer plus de temps avec son ou ses parent(s), c’est augmenter l’exposition à la langue minoritaire. Alors quel effet le confinement a-t-il pu avoir sur cette langue?

J’ai récolté le récit d’une quinzaine de parents. C’est un petit échantillon. Mais je constate que, tout comme chaque famille vit son aventure plurilingue de façon unique, chaque famille a vécu cette expérience de façon singulière. Dans cet article, je vous partage donc les grandes lignes qui ressortent de ces témoignages.

L’effet positif du confinement

De façon quasi unanime, les parents interrogés parlent d’un effet positif  du confinement sur la langue minoritaire. Les observations diffèrent un peu selon l’âge des enfants.

Les plus petits ne disaient parfois que quelques mots avant le confinement. Plusieurs parents évoquent une explosion du langage dans la langue minoritaire pendant le confinement. Iris est passée des mots isolés aux phrases pendant cette période. C’est donc dans la langue minoritaire que ce passage s’est fait. Georges, 2 ans, a eu une explosion lexicale en anglais, sa langue minoritaire.

Si la langue majoritaire n’était pas clairement dominante pour les tout-petits, elle l’était pour les plus grands. Ce confinement a donc permis de redonner une “vraie place” a la langue minoritaire, comme le dit Marie. Ses enfants parlaient principalement en anglais, mais lui parlent à présent aussi en français! C., 4 ans, déclare même : “Tu vois maman, je parle français maintenant!”. Elle qui parlait très peu français fait maintenant des phrases complexes dans cette langue!

Le confinement, un succès pour tous?

Cette année un peu spéciale nous a amené à nous confiner, mais nous a aussi parfois séparés de la famille. Ces séjours dans le pays d’origine, et les visites de la famille sont des moments très importants pour l’enrichissement de la langue minoritaire. Des moments qui ont été retirés à de nombreuses familles. Certains ont compensé ce manque avec des rituels à travers le petit écran. Mais ces rituels ne peuvent remplacer une vraie immersion.

“Une semaine en Espagne serait le top pour faire le déclic” dit Silvia qui a vu sa fille commencer à faire de vraies phrases en espagnol pendant le confinement. Cependant, quelques familles ont eu la chance d’avoir ce temps au pays cet été. Melina dit que les progrès réalisés pendant le confinement ont permis a sa fille d’être vraiment à l’aise pour communiquer une fois au Portugal.

Dans d’autres cas, la situation a amené des familles à passer un séjour prolongé dans le pays d’origine. C’est le cas de R,, 4 ans, qui ne parlait jamais français avant ce séjour de 5 mois en France. Il communique à présent dans cette langue avec ses grands-parents.

D’ailleurs, les parents sont quasi tous unanimes. Les progrès constatés pendant le confinement sont comparables à un passage au pays. Ces séjours seraient peut-être même plus bénéfiques à la langue minoritaire, car les enfants se retrouvent en contact avec des monolingues. Dans ce contexte, ils ont donc un réel besoin de parler cette langue.

L’exposition à la langue minoritaire a été le point positif du confinement pour certains. La situation a cependant d’autres conséquences, et a souvent privé le contact prolongé avec des monolingues pendant la période estivale. Ce n’est donc pas un bilan tout rose, mais beaucoup plus rose que certaines expériences vécues en cette année particulière!

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Aodrenn

Aodrenn

Orthophoniste de formation, j’ai travaillé avec une patientèle francophone sur New York pendant plusieurs années. Cette expérience m’a inspiré ce blog, notamment les articles spécifiques au bilinguisme. Actuellement maman à temps plein d’une petite fille d’un an, je suis temporairement sur Montréal, où je peux passer du temps à la bibliothèque pour dénicher de nombreux livres à vous suggérer dans mes chroniques.

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