Catégoriser les bilingues : intérêts et dangers

Dans les ouvrages sur le bilinguisme, vous retrouverez certains termes utilisés pour catégoriser les bilingues. Si ces nomenclatures peuvent avoir des bénéfices, certains auteurs, comme François Grosjean, nous mettent en garde sur leurs limites. Dans cet article, je reviens rapidement sur les définitions de ces termes, puis je discute des précautions à prendre avec ces catégorisations, mais aussi des implications que cela peut avoir pour les parents d’enfants bilingues, et les professionnels de l’enfance, notamment en orthophonie.

Catégorisation selon l'âge d'acquisition

  • Bilinguisme précoce simultané : un enfant qui est exposé à deux langues avant l’âge de 3 ans, bien souvent dès la naissance. Il s’agit d’une minorité parmi les bilingues (un tiers), selon François Grosjean.
  • Bilinguisme précoce consécutif : un enfant qui est exposé à une seconde langue après avoir acquis de bonnes bases dans une première langue. Cela ne fait pas consensus, mais la majorité des chercheurs parlent de l’introduction d’une seconde langue après l’âge de 3 ans.
  • Bilinguisme tardif : une personne qui est devenue bilingue après la tendre enfance. L’âge à partir duquel on parle de bilinguisme tardif n’est pas clair selon les chercheurs, on parle souvent de 6-7 ans, mais parfois de 12 ans.

Précautions a prendre avec cette catégorisation

Il s’agit d’une catégorisation artificielle, puisque chaque définition donnée ici peut correspondre à de nombreuses situations différentes.

Lorsque l’on parle d’enfants bilingues simultanés, ou “bilingues de naissance”, il est attendu que l’enfant ait été exposé de façon équitable aux deux langues, mais ceci est rarement possible.

Lucas n’est exposé au français qu’à la maison avec un de ses parents, alors que Hugo y est exposé avec ses deux parents, ainsi qu’à la crèche, mais il est beaucoup moins exposé à l’anglais que ne peut l’être Lucas.

Par ailleurs, ce sont des cases dans lesquelles il est difficile de mettre tous les enfants. Si votre enfant est, comme la mienne, né(e) en pays anglophone de parents francophones : à partir de quand peut-on considérer qu’il(elle) est bilingue simultané(e)?

Emma, 2 ans, vit en Angleterre avec ses parents francophones. Elle va à des ateliers de musique en anglais, et entend l’anglais quand elle accompagne ses parents à l’épicerie. Est-elle en situation de bilinguisme simultané?

De même, on observe des enfants qui n’ont pas été exposés à leur seconde langue avant 3-4 ans, mais ont un profil qui ressemble à un bilingue simultané, et à l’inverse, des enfants qui ont été exposés à la seconde langue vers 2 ans qui ont un profil plus similaire à un bilingue consécutif.

Implications en orthophonie

S’il faut être vigilant avec cette catégorisation, on observe tout de même des différences dans le développement du langage selon l’âge d’exposition aux langues. Ainsi, connaître le fonctionnement d’un enfant bilingue simultané vs consécutif nous aide à mieux comprendre un cas particulier.

Cette catégorisation est intéressante si l’on se pose les bonnes questions : à quel âge l’enfant a-t-il été exposé à la langue évaluée, mais surtout avec quel type d’exposition, à quelle fréquence, dans quels contextes/objectifs?

Catégorisation selon le niveau de compétence

  • Bilinguisme équilibré : on parle de bilinguisme équilibré lorsqu’une personne bilingue a le même niveau dans ses deux langues, qu’elle est capable de les utiliser avec la même aisance, la même efficacité, en toutes circonstances.
  • Semilinguisme : on parle de semilinguisme lorsqu’une personne bilingue a une maîtrise insuffisante dans ses deux langues. C’est une personne qui a un vocabulaire limité, une grammaire incorrecte, et pour qui parler et exprimer des émotions demandent un effort, et ce, dans les deux langues.

Une catégorisation controversée

C’est une catégorisation qui est très controversée et dont on n’a plus l’utilité aujourd’hui.

Il est très rare qu’une personne ait une compétence identique dans ses deux langues pour parler, lire et écrire, en toutes circonstances. Les bilingues utilisent leurs langues avec des objectifs distincts : le français pour la famille, l’anglais pour la communauté, le français et l’anglais pour l’école, par exemple.

Le terme de semilinguisme a plutôt été utilisé pour décourager le bilinguisme. S’il existe une déficience dans les langues, elle n’est probablement pas liée directement au bilinguisme.

Il est un cas où l’on peut voir apparaitre un semilinguisme passager : si l’enfant cesse de pratiquer sa langue maternelle pour apprendre la langue, il va alors perdre des acquis dans sa langue maternelle par manque de pratique, sans maîtriser sa seconde langue qu’il est en train d’apprendre. Pour éviter cela, et pour parvenir au bilinguisme, il faut donc continuer de développer la langue maternelle.

  • Bilinguisme passif : capacité de comprendre (et parfois de lire) une seconde langue, sans être capable de la parler (et de l’écrire).
  • Bilinguisme actif : capacité de comprendre et parler deux langues, et éventuellement lire et écrire dans les deux langues.

Précautions à prendre avec cette catégorisation

Au-delà du fait que le terme “passif” n’est pas adapté, puisque la compréhension n’est pas passive, cette catégorisation fige une situation qui ne l’est pas nécessairement. Il est tout à fait possible d’avoir un bilinguisme “passif”, qui évolue vers un bilinguisme actif par la suite. Ne vous découragez pas si votre enfant ne parle pas votre langue malgré vos efforts, il est plus facile de passer du bilinguisme “passif” au bilinguisme actif que du monolinguisme au bilinguisme actif.

Catégorisation selon la dynamique des langues

  • Bilinguisme additif : dans cette situation, l’enfant acquiert sa seconde langue sans que cela interfère avec sa première langue. La langue maternelle devient un élément positif pour l’apprentissage de la seconde langue. L’enfant peut ainsi acquérir les deux langues de façon harmonieuse et profiter des avantages cognitifs, culturels et linguistiques du bilinguisme. 
  • Bilinguisme soustractif : dans cette situation, l’inverse se passe, au lieu d’additionner les deux langues, on soustrait la langue maternelle au profit de la seconde langue. La langue maternelle est affectée par l’apprentissage de la langue majoritaire, et l’enfant perd les bénéfices cognitifs du bilinguisme. 

Précautions à prendre avec cette catégorisation

Avoir conscience de cette dynamique, c’est comprendre comment donner les meilleures chances d’atteindre un bilinguisme le plus équilibré possible pour son enfant.

Cependant, cette dichotomie pourrait avoir tendance à décourager des parents qui ne se trouvent pas dans la situation idéale pour proposer une situation de bilinguisme additif. Peut-être n’avez-vous pas accès à une scolarité bilingue, ou que votre langue minoritaire n’est pas du tout valorisée dans la communauté où vous vivez. En réalité, il n’existe pas un seul et unique chemin pour parvenir au bilinguisme, il existe d’autres façons de transmettre votre langue en la valorisant. Quel que soit le contexte, votre enfant bilingue bénéficiera d’avantages cognitifs.

Vous trouverez aussi parfois les termes de bilinguisme composé ou coordonné, mais ces termes ne sont actuellement plus validés par les études sur le bilinguisme (cf article dans la bibliographie).

Comme le dit très justement Agathe Tupula Kabola, “le développement des langues diffère d’un enfant bilingue à l’autre et il y a autant de bilinguismes que de sujets bilingues”. C’est pour cette raison qu’il est à la fois difficile de proposer une catégorisation des bilingues, et nécessaire de les différencier. Il faut donc utiliser cette catégorisation comme une réflexion, avec souplesse.

Pour en savoir plus

  • Site de Barbara Abdelilah-Bauer
  • François Grosjean – Parler plusieurs langues, le monde des bilingues, 2015 (p149-153)
  • Agathe Tupula Kabola – Le bilinguisme, un atout dans son jeu, 2016
  • Karl C. Diller – “Compound” and “Coordinate” Bilingualism: A Conceptual Artifact, 1970

Stimuler le langage avec des livres de Noël

Les livres contiennent des mots que votre enfant n’a pas l’habitude d’entendre dans son quotidien, des tournures de phrases répétitives, mais aussi des mots qui reviennent. C’est pour toutes ces raisons, et plus encore, que les livres sont un des meilleurs moyens pour stimuler le langage de votre enfant. Les livres de Noël ne font pas exception, je vous propose dans cet article de tirer le maximum de profit des livres que vous ne sortez qu’un mois dans l’année.

Imagiers de Noël

Pourquoi utiliser un imagier?

Ce petit album permet à l’enfant de varier les représentations des personnes/objets/animaux. Illustrons ceci avec l’exemple du père-noël : votre enfant a peut-être vu un père-noël au centre commercial, ou un dessin de papa-noël dans un livre; l’imagier lui offre une nouvelle image de ce personnage mythique. Il est intéressant de varier les représentations pour que l’enfant n’associe pas (par exemple) le mot sapin uniquement au sapin qui trône dans votre salon!

Comment exploiter un imagier?

N’hésitez pas à aller au-delà des mots cités dans l’imagier. Reprenons notre exemple du père-noël. Devant l’image de ce vieux bonhomme, nous pouvons aussi pointer tout ce qui le caractérise : une barbe, un bonnet rouge, des grosses bottes, etc. Non seulement, cela ajoute des mots de vocabulaire que votre enfant ne connaissait peut-être pas, mais cela lui permet aussi d’associer des caractéristiques au mot “père-noël”, ce qui facilite la mémorisation du lexique.

Pensez aussi à poser des questions à votre enfant, privilégiez des questions ouvertes (qui nécessitent davantage qu’une réponse en “oui” ou “non). Ainsi, vous pouvez lui demander à quoi servent les rennes? Quel est le travail des lutins?, etc. Vous pouvez aussi stimuler l’imaginaire de votre enfant : “que penses-tu qu’il y a dans ce cadeau? qu’est-ce que le lutin va fabriquer ensuite?” etc.

Livres tactiles de Noël

Pourquoi utiliser des livres tactiles?

C’est une question à laquelle j’avais déjà répondu dans mon billet de blog sur les “Contes et comptines à toucher” aux Editions Milan. Ces livres offrent une expérience multisensorielle, ce qui facilite les apprentissages, notamment la mémorisation du vocabulaire : il est plus facile d’apprendre ce que le mot “rugueux” veut dire si on peut voir et toucher un objet rugueux!

Comment exploiter les livres tactiles?

Vous connaissez aussi sûrement la collection de livres Usborne “Où est mon… père-noël? renne? lutin?”. Ces albums montrent bien l’intérêt des livres tactiles, car ils sont très riches en adjectifs divers et variés. N’hésitez pas à utiliser ceux qui sont cités dans le livre, même s’ils vous paraissent parfois un peu complexes : votre enfant possède le vocabulaire que vous lui donnez.

Les parties à toucher sont bien souvent localisées : par exemple, on pourra avoir une texture sur les bois du renne, mais pas sur son corps. C’est donc une occasion d’offrir encore plus de vocabulaire à votre enfant, en lui parlant des bois du renne, de la barbe du père-noël, etc.

Les livres de comptines de Noël

Pourquoi utiliser des livres de comptines?

Je ne sais pas vous, mais j’adore le moment ou l’on peut ressortir les livres sonores et CD de Noël! Ces mélodies me mettent rapidement dans l’ambiance festive, magique et conviviale de Noël. Si vous lisez cet article, il y a des chances que ce soit aussi votre cas!

Au-delà de ce petit bonheur, c’est aussi l’occasion de varier les comptines chantées toute l’année, et donc de varier le vocabulaire, les tournures de phrases, les rimes, etc.

Je vous renvoie à mon article sur les bienfaits des comptines dans sa langue maternelle, si vous avez besoin de plus de raisons pour être convaincu!

Comment exploiter les livres de comptines?

Comme pour les comptines que vous chantez à l’année, vous pouvez utiliser des supports : livres sonores et CD. N’oubliez cependant pas de chanter les comptines avec votre enfant, rappelez-vous que l’enfant apprend le langage avec l’interaction qu’il peut avoir avec vous! N’ayez crainte des fausses notes, votre enfant n’y fera pas attention, et si vous avez un petit prodige de la musique, il ne se rappellera que des moments agréables passés avec vous!

Si vous avez une âme créative, vous pouvez aussi faire varier les paroles des comptines pour les personnaliser pour votre enfant et son vécu. J’avoue n’avoir pas encore fait preuve de beaucoup d’imagination avec les chansons de Noël, mais je serais ravie de lire vos créations en commentaire!

En résumé, il faut surtout retenir que peu importe les livres de Noël que vous possédez, n’hésitez pas à aller au-delà du texte, de décrire les images, les caractéristiques des personnages (père-noël, lutins), les fonctions des objets (hotte, traîneau), etc.

Quels sont vos livres préférés de Noël?

Le vocabulaire des vêtements dans les livres de Noël

Les saisons et les fêtes annuelles sont l’occasion d’acquérir du nouveau vocabulaire pour les enfants. A Noel, on découvre le traineau, les rennes, les lutins…. Mais on peut aussi renforcer le vocabulaire du quotidien avec les plus petits. Dans cet article, je vous propose d’utiliser des livres pour revoir le lexique des vêtements avec des livres sur le thème de Noel.

Père-Noël es-tu la?

Je vous avais déjà parlé de la collection “Contes et Comptines à toucher” aux Editions Milan, ce livre fait partie de ces albums. C’est donc un beau livre cartonné avec des textures sur chaque page.

Nous y retrouvons une comptine toute simple et répétitive, idéale pour les tout-petits. Nous suivons la journée du Père-Noël du réveil à son départ dans le ciel, en passant évidemment par l’habillage : le pantalon, les bottes, la veste, le bonnet… et si vous observez les images, vous y verrez aussi les chaussettes, la ceinture, les gants…

Un livre qui se termine sur un joli pop-up!

Illustratrice : Ninie

Edition : Milan Jeunesse

Format du livre : Livre cartonné tactile

Age : dès 1 an

Langue(s) : français

Date de parution : Octobre 2010

Prix : 13 euros

  • Lexique des vêtements
  • Lexique de Noël
  • Structure de phrase répétitive
  • Faites toucher les textures du livre à votre enfant en nommant le ressenti : doux, rugeux, etc.
  • Rendez le livre interactif en demandant à votre enfant de chatouiller les pieds du Père-Noël qui dort, d’aider les lutins à mettre les cadeaux dans la hotte, de faire un câlin au renne, etc.
  • Sollicitez votre enfant par rapport à sa propre routine pour l’habillage : “que mets-tu en premier? Après avoir mis ton pantalon? Quand tu es prêt à sortir?”, etc.
  • Sollicitez votre enfant pour anticiper ce que fera le Père-Noël ensuite : “que va-t-il mettre après les bottes?”, “Que lui manque-t-il maintenant qu’il a son traîneau et la hotte?”, etc.

C’est quoi ça Petit Papa Noël?

Ce livre est tout simple, avec une structure très répétitive également. Il s’ouvre à la verticale, mettant en relief la grandeur de la hotte du Père-Noël. Une hotte que l’on voit donc très bien, qui semble écraser le petit papa Noël. Le narrateur, qu’on suppose être un enfant, voudrait bien savoir ce qu’est ce gros sac : “c’est quoi ça?”. Mais le Père-Noël ne comprend pas et énumère tous les noms des vêtements qu’il porte avant de donner la réponse tant attendue!
Un concept tout simple, mais qui semble avoir un beau succès auprès des enfants! Je ne pensais pas que mon petit bout de 14 mois accroche particulièrement à ce livre, mais elle n’a pas cessé de me demander de le lire!

Auteur-Illustrateur : Jean Maubille

Edition : Editions Pastel/Ecole des Loisirs

Format du livre : Livre cartonné, ouverture à la verticale

Age : dès la naissance (mon avis : à partir d’1 an)

Langue(s) : français

Date de parution : Octobre 2018

Prix : 8,50 euros

  • Lexique vêtements
  • Lexique adjectifs
  • Structure de phrase répétitive
  • Pointez du doigt le vêtement qui est nommé, même si on l’aperçoit bien derrière la grosse hotte!
  • Pointez sur votre corps l’endroit où l’on porte ce vêtement.
  • Posez des questions à votre enfant sur sa propre garde-robe : “as-tu des moufles? De quelle couleur est ton manteau? Pourquoi mets-tu des bottes?”, etc.
  • N’hésitez pas à utiliser les termes du livre, comme les “moufles”, ou les adjectifs : c’est une occasion d’enrichir le vocabulaire de votre enfant.

Je m’habille et je t’apporte des cadeaux!

Vous connaissez peut-être le petit album “Je m’habille et je te croque”, avec un loup qui s’habille petit à petit avant de venir croquer votre enfant!? Cet album fonctionne sur un principe identique, mais se termine de façon bien plus sympathique, puisqu’il s’agit d’un père-noël qui apporte un cadeau!

Le livre s’ouvre à la verticale, les vêtements sont nommés sur chaque page, accompagnés d’adjectifs variés : rouge, rayé, petit, fourré, etc.

Un concept très simple mais qui plaît et qui permet de revoir la routine de l’habillage, ainsi que le lexique des vêtements.

Auteure-Illustratrice : Bénédicte Guettier

Edition : Ecole des Loisirs

Format du livre : Livre broché, ouverture à la verticale

Age : dès 3 ans (mon avis : à partir de 18 mois)

Langue(s) : français

Date de parution : Décembre 2014

Prix : 5 euros

  • Lexique vêtements
  • Lexique adjectifs
  • Structure de phrase répétitive
  • Posez des questions à votre enfant sur sa propre garde-robe : “as-tu une écharpe? De quelle couleur est ta veste? Pourquoi mets-tu un chapeau?”, etc.
  • Posez des questions à votre enfant sur la routine d’habillage : “que met-on après le caleçon?”, etc.
  • Variez la lecture en la chantonnant comme dans la vidéo suivante (cliquez sur le lien).

Un enfant bilingue parle-t-il plus tard?

En tant que parents, nous comparons beaucoup nos enfants : à leur fratrie, aux neveux/nièces, aux enfants à l’extérieur, etc. C’est plus fort que nous, nous voulons voir si notre enfant se développe en même temps que les autres. Lorsque nous sommes parents d’un enfant bilingue, nous nous rassurons quand ce dernier dit moins de mots que son camarade, qui ne parle qu’une langue : “il n’avance pas aussi vite, c’est normal, il doit apprendre deux langues!”.

Les enfants bilingues ont-ils effectivement besoin de plus de temps pour développer leur langage, ou bien cela est-il une idée reçue?

Le mythe des limites du cerveau

Le bilinguisme a longtemps été vu comme une source de confusion, qui interférait avec la réussite scolaire. Aujourd’hui, les avantages du bilinguisme sont assez bien reconnus, et pourtant, cette idée d’un développement du langage plus tardif chez les enfants bilingues persiste. Il n’est pas rare d’entendre un parent, voire même un professionnel de la santé, expliquer un décalage avec les autres enfants par le bilinguisme. Si Axel n’a que 10 mots, alors que son cousin Paul, qui vit en France dans une famille monolingue, en a déjà plus de 60, c’est parce qu’Axel doit apprendre deux langues, il a donc besoin de plus de temps.

Si on estime que les enfants bilingues sont plus lents à développer le langage que leurs pairs monolingues, on suppose qu’apprendre deux langues simultanément n’est pas inné, et que cela représente même un coût supplémentaire pour le cerveau.

Nous savons aujourd’hui que l’acquisition du langage commence in utero. Une étude a notamment démontré que les bébés bilingues étaient capables de discriminer deux langues romanes appartenant au même groupe rythmique (catalan et espagnol) dès l’age de 4 mois et demi (Bosch & Sebastiàn-Gallés, 2001). Par ailleurs, il a été prouvé que tous les bébés sont capables de reconnaître les sons qui ne sont pas présents dans leur langue maternelle, mais se spécialisent dans la(les) langue(s) auxquelles ils sont exposés entre 6 et 12 mois. Les enfants bilingues se spécialisent dans leurs deux langues au même moment où les enfants monolingues se spécialisent dans leur langue. Ces observations nous montrent que les bébés ont en réalité la capacité innée d’apprendre deux langues simultanément.

Le même rythme de développement du langage

Partout dans le monde, les bébés développent leur langage au même rythme, quelle que soit la langue parlée. C’est donc sans surprise que les recherches montrent également que les enfants bilingues développent leur langage au même rythme que les enfants monolingues, du moins pour les premiers jalons du développement.

  • Le babillage  a fait l’objet d’une étude longitudinale, avec des enfants monolingues et bilingues espagnol-anglais à Miami (Oller et al., 1997), qui a conclu que l’émergence du babillage chez les enfants bilingues est identique à celle des monolingues. Maneva et Genesee (2002) sont arrivés à une conclusion identique en étudiant des bébés bilingues français-anglais.
  • Les premiers mots sont également produits au même âge que pour les enfants monolingues, c’est-à-dire vers 12-13 mois en moyenne (Genesee, 2003; Patterson & Pearson, 2004). Par ailleurs, la répartition des différentes natures de mots est également identique si on compare des enfants bilingues avec des enfants monolingues du même âge, ou possédant un vocabulaire de taille similaire.
  • Les premières combinaisons de mots (premières phrases) ne font pas exception : des études longitudinales avec des enfants bilingues espagnol-anglais et français-anglais ont mis en évidence que leur émergence se produit, chez les enfants bilingues, sur la même période que pour les enfants monolingues, c’est-à-dire entre 18 et 24 mois (Padilla & Liebman, 1975; Paradis & Genesee, 1996). Des études plus récentes ont également confirmé cela : les enfants bilingues produisent leurs premières phrases en même temps que les monolingues dans leurs deux langues, ou au moins dans une de leurs langues.

Selon une étude de Zurer et Pearson, les enfants sont tous intelligibles vers le même âge, mais les enfants bilingues peuvent l’être dans une seule de leur langue dans un premier temps. L’enfant bilingue peut donner le sentiment d’être plus tardif à parler, car nous ne savons pas toujours quelle langue il utilise : si nous nous attendons à entendre un mot français alors que l’enfant utilise un mot en anglais, nous pourrions avoir le sentiment qu’il n’a pas dit un vrai mot.

Qu’en est-il des enfants qui sont exposés à plus de deux langues? Si les études avec des enfants trilingues sont encore rares, le développement de ces derniers est très similaire aux enfants bilingues.  La maîtrise de plusieurs langues pourrait être un challenge plus grand que pour les enfants bilingues dans la suite de leur développement, mais le plurilinguisme ne peut pas expliquer un retard de langage.

Les enfants ne sont pas identiques

Vous avez peut-être pourtant observé un enfant, voire des enfants, comme Axel évoqué précédemment : un enfant bilingue qui a moins de mots que son cousin monolingue. Axel et Paul ont tous les deux 18 mois et ont un vocabulaire respectif de 10 et 60 mots. La tentation est grande d’expliquer ce décalage par le bilinguisme d’Axel.

Malgré l’écart qui existe entre ces deux enfants, ils suivent tous les deux un développement du langage normal. Si un enfant monolingue est dans la moyenne basse, on aura tendance à dire qu’il prend son temps, développe d’autres capacités, ou encore qu’il suit le chemin de sa mère qui n’a pas parlé tôt. Lorsque c’est un enfant bilingue qui est plus lent a parler, on a tendance à incriminer (à tort) le bilinguisme. Précédemment, je disais que les enfants bilingues suivent le même rythme de développement que les monolingues, cela veut également dire que, comme les monolingues, il existe des différences de rythme entre les enfants. Si vous avez beaucoup d’enfants bilingues dans votre entourage, il y a de grandes chances que vous ayez aussi observé un enfant bilingue, comme Paul, qui avait de nombreux mots à l’âge de 18 mois.

Des différences perçues comme un retard

Bien que le développement du langage chez l’enfant ne soit pas retardé par rapport à l’enfant monolingue, il existe des particularités, qui sont parfois perçues comme un retard.

La première différence que l’on peut observer concerne le vocabulaire. Reprenons l’exemple d’Axel qui a un vocabulaire de 10 mots. Ces 10 mots sont produits en français, mais il produit également 22 mots en anglais. Devrait-on compter un total de 32 mots? Pas tout à fait. Nous allons compter les mots en terme de “concepts”. Axel utilise le mot “chat”, mais il utilise également le mot “cat” : nous ne comptons qu’un seul mot pour le concept du chat. Nous allons donc comptabiliser les concepts connus en prenant en compte les deux langues de l’enfant, ce qui donnerait un total de 25 mots pour Axel. Si on ne compte les mots produits que dans une seule langue, les enfants bilingues peuvent donner le sentiment d’être plus lents dans le développement de leur lexique. En combinant les mots des deux langues, on s’aperçoit qu’ils ont autant de mots, voire plus, que les enfants monolingues.

Selon le contexte de bilinguisme, les enfants peuvent parfois donner le sentiment de retard dans une de leurs langues. Axel, qui vit dans une famille bilingue, a plus de mots en anglais qu’en français. Alice, qui vit dans une famille francophone, a 45 mots en français, et seulement 5 en anglais. Pourrait-on considérer que ces enfants ont un “retard” dans une de leurs langues? Il ne s’agit pas d’un retard de langage, auquel cas nous l’observerions dans les deux langues. Des études réalisées à Miami et Edmonton, avec des enfants bilingues, ont montré que la réduction du vocabulaire dans une langue donnée a tendance à diminuer, voire disparaître, d’ici la fin de l’école primaire selon le temps d’exposition aux deux langues.

En ce qui concerne le développement du langage au-delà des premiers jalons, la recherche doit encore approfondir la question. Certaines études ne voient pas de différences avec les monolingues, alors que d’autres trouvent que les bilingues sont un peu en retard. Si l’on observe plus en détails ces études, on s’aperçoit que ces divergences dans les résultats s’expliquent probablement par les variations de temps d’exposition aux langues, et de la complexité de ce qui est étudié au niveau de la morphosyntaxe.

Le bilinguisme ne cause donc pas de retard de langage, mais il ne protège pas non plus l’enfant d’un éventuel retard de langage. Comme le développement du langage est similaire aux enfants monolingues, on s’attend à trouver le même pourcentage d’enfants présentant un retard ou un trouble parmi les enfants bilingues. Si Pierre, 2 ans, ne dit que quelques mots, toutes langues confondues, ce n’est pas a cause de son bilinguisme : il faut donc contacter un professionnel, comme on le ferait avec un enfant monolingue. Par ailleurs, si on évaluait le langage d’Axel avec des normes françaises, ses capacités seraient largement sous-estimées et on pourrait alors conclure, a tort, à un retard de langage. Il est donc important de bien connaître les particularités du développement du langage chez l’enfant bilingue; c’est pourquoi d’autres articles feront suite à celui-ci pour détailler toutes ces différences.

Pour en savoir plus

  • Raising a bilingual childZurer et Pearson, 2008 [chap 7]
  • Dual Language Development & Disorders: A Handbook on Bilingualism & Second Language Learning, Second Edition – Johanne Paradis, Fred Genesee, Martha Crago, 2010 [chap 4]
  • Le défi des enfants bilingues – Barbara Abdelilah-Bauer, 2015 [p 39-46]
  • L’Enfant bilingue: De la petite enfance à l’école – Ranka Bijeljac-Babic, 2017

« Comptines à toucher », Editions Milan

Suite à mon billet de blog sur les 6 raisons de chanter des comptines dans sa langue maternelle, je présente ici une autre série de livres de comptines, que j’apprécie grandement. Cette collection propose une très large variété d’albums à toucher, qui sont plus que de simples livres tactiles. 

Une collection en découvertes multiples

Les comptines les plus populaires sont reprises dans ces albums. Les paroles sont conservées, mais l’originalité de cette collection réside dans la variété d’expériences proposées aux enfants pour découvrir leurs comptines préférées. Comme son nom l’indique, ces livres offrent donc des textures diverses à découvrir du bout des doigts : du dou, du lisse, du râpeux, du brillant, du velours, des plumes, des tissus…

Au-delà de cette découverte sensorielle, il y a également des aspects plus interactifs avec des tirettes, des rabats, des éléments qui peuvent être tirés ou glissés, ainsi que de beaux pop-ups. C’est donc une expérience très complète que l’on peut retrouver dans cette collection.

En plus de ces beaux atouts, les livres sont très colorés, proposant des images simples qui ne sont pas sur-stimulantes pour les tout-petits. Les pages sont épaisses et robustes, mais il ne s’agit pas d’un livre cartonné; ma fille (1 an) adore les feuilleter puisqu’elle arrive facilement à tourner les pages (attention cependant à surveiller, car certains éléments peuvent être fragiles entre les petites mains!).

Comme pour tout livre qui propose des comptines, l’album évolue avec l’enfant, car les chansonnettes intéressent autant les bébés que les bambins! Ces livres peuvent être proposés dès tout jeune, mais également à l’enfant qui grandit, car les illustrations ne sont pas “bébé”, et le bambin appréciera grandement le côté interactif. Pour les plus grands, on peut également proposer la série de livres sur les contes.

Le toucher dans le développement du langage

Certaines odeurs, textures, ou bien encore des bruits vous rappellent probablement des moments de votre vie! Nos sens jouent un rôle important dans l’appréhension du monde qui nous entoure, et c’est d’autant plus le cas de nos petits bouts! Il a été démontré que les expériences multisensorielles facilitaient les apprentissages de l’enfant, notamment pour le développement du langage; l’enfant peut ainsi mieux “incorporer” son environnement, afin de mieux le mémoriser.

Les livres à toucher sont très adaptés pour développer le vocabulaire de l’enfant. Bien entendu, il va pouvoir découvrir des mots pour décrire les animaux/objets : doux, dur, lisse, rugueux, etc.

Mais, ces termes vont également l’aider à mémoriser d’autres mots de vocabulaire, en associant ces caractéristiques aux animaux/objets rencontrés, et les distinguer les uns des autres. La souris est douce, alors que le carton est rugueux; le chien et le cochon ont tous les deux 4 pattes, mais l’un est doux, et l’autre est lisse. C’est une des expériences qui pourra lui permettre de faire ces liens, et développer ainsi son vocabulaire.

Les parties à toucher peuvent aussi être nommées pour diversifier le lexique : peut-être que l’on va préciser que c’est la barbe qui est douce, ou bien encore les bottes qui sont lisses.

C’est aussi une occasion, avec les plus grands, de discuter, et de catégoriser, en sollicitant son enfant : “Connais-tu un autre animal qui soit doux comme la souris?”.

Par ailleurs, vous avez sûrement constaté que les enfants sont captivés par les livres à toucher! C’est donc un support idéal pour les familiariser avec les livres. Pour les parents qui sont moins à l’aise avec la lecture aux tout-petits, c’est aussi une belle occasion d’interagir naturellement avec son enfant : “oh touche comme c’est doux!”.

« A la queue leu leu », Comptines chez Casterman

Cette collection est un de mes supports préférés pour chanter des comptines avec ma fille.

L’originalité de cette collection? Chaque livre revisite une comptine bien connue, le tout dans un format à l’italienne.

Des revisites originales

Des comptines qui tournent en boucle. Des paroles qui ne veulent plus sortir de votre tête. Est-ce une situation qui vous est familière? Si cette répétition est favorable au développement du langage de votre tout-petit, vous avez sûrement déjà eu envie de changer un peu le disque!

C’est justement ce que cette collection vous propose. L’air de la chanson ne change pas, mais les paroles sont revisitées avec tendresse et humour pour varier les plaisirs.

Dans certains cas, une suite est ajoutée à la chanson que nous connaissons tous : nous découvrons de nouveaux personnages, de nouvelles aventures, ou simplement un nouveau couplet.

Dans d’autres cas, la comptine est totalement modifiée : l’air de la chanson est conservé, mais les paroles sont transformées!

Le point commun de toutes ces revisites, c’est leur originalité et les belles illustrations. Différents auteurs-illustrateurs ont participé à cette collection, c’est donc autant de diversité à découvrir!

Comme je l’avais déjà expliqué dans un précédent article, les comptines sont importantes pour le développement du langage. Ce sont donc des livres qui sont bénéfiques au langage du tout-petit. On y retrouve la répétition propre aux comptines, les rimes, la richesse de vocabulaire. Ce lexique est d’ailleurs enrichi puisque l’on découvre parfois de nouveaux personnages/animaux, nouveaux lieux, nouvelles actions, etc.

Des livres qui évoluent avec l'enfant

L’autre avantage de ces livres, c’est qu’ils conviennent à une large tranche d’âge, puisque les comptines sont appréciées des tout-petits et des plus grands.

Avec un bébé : Vous pouvez les utiliser dès la naissance pour chanter à votre nourrisson en le familiarisant avec cet objet qu’est le livre. Le bébé qui grandit apprécie de regarder les images tout en vous écoutant les chanter. Il y a peu de paroles sur chaque page, c’est donc tout à fait adapté à un tout-petit qui a une attention limitée.

Avec un enfant : Vous pouvez lire les paroles de la comptine comme une histoire. De cette façon, vous pouvez solliciter votre enfant, qui a accès à un langage plus élaboré, pour décrire les images, anticiper ce qui va se passer, etc

Quelques exemples

La collection comporte un très grand choix de livres, il n’est pas toujours facile de choisir celui qui va nous plaire. J’ai eu l’occasion d’en feuilleter un grand nombre, j’ai bien entendu des préférences, mais peu de livres m’ont vraiment déçue. Je vous dirais donc de choisir selon les comptines préférées de votre enfant.

Je vous présente ici brièvement quelques uns des albums que j’ai eus en main, la liste est non-exhaustive, n’hésitez donc pas à me demander en commentaire ce que je pense d’un album qui ne serait pas dans cette liste, il est possible que je l’ai déjà testé avec ma fille (merci la bibliothèque!).

La famille tortue

C’est le premier livre que j’ai découvert de la collection. Vous connaissez sûrement cet air :  “Jamais on n’a vu, jamais on ne verra…”. Dans cet album, vous retrouverez trois autres familles :

  • la famille pingouin qui ne sort pas en pyjama; ils sont bien trop chics pour ça!
  • La famille Grenouille qui ne croque pas de chocolat; ils n’ont pas les dents pour ça!
  • La famille lapin qui chante pas a capella; ils préfèrent la samba.

Le tout se termine avec une fête inattendue… chez les rats!

Texte : Orianne Lallemand

Illustratrice : Rosalinde Bonnet

Date de parution : Avril 2011

Prix : 9,95 euros (ou format “mes comptines en or” : 6,95 euros)

  • Familiarisation avec les sons (répétition)
  • Vocabulaire des animaux
  • Syntaxe (phrases redondantes)
  • Accompagner votre lecture/chant de gestes, pointer du doigt les animaux, les membres de la famille sur les pages.
  • Remplacer certains mots par des gestes/sons (il existe une version ou l’on frappe une fois sur “vu”, deux fois sur “verra”, deux claquements de langue sur “tortue”, le son bzzz sur “rat” et enfin un claquement de pied sur “pas”) : cela permet a l’enfant de prendre conscience des syllabes.

Mon petit lapin

Vous connaissez sûrement l’histoire de ce petit lapin qui s’est caché sous un chou?! Dans ce livre, seul le début de la comptine a été conservé, puis nous découvrons un petit lapin qui fait le coquin avec ses amis de la ferme, avant d’être ramené a la maison par l’âne. C’est alors l’heure de se doucher et d’aller au lit.

Il est possible de chanter toute la comptine sur l’air de la chanson initiale.

Cette revisite propose donc une réelle chronologie, avec des péripéties dans la journée du petit lapin, en se terminant sur l’heure du coucher.

Auteure-Illustratrice : Olivia Cosneau

Date de parution : Avril 2014

Prix : 9,95 euros

  • Familiarisation avec les sons (répétition)
  • Vocabulaire des animaux
  • Syntaxe (phrases redondantes)
  • Accompagner votre lecture/chant de gestes, pointer du doigt les animaux, les membres de la famille sur les pages.
  • Remplacer certains mots par des gestes/sons (il existe une version ou l’on frappe une fois sur “vu”, deux fois sur “verra”, deux claquements de langue sur “tortue”, le son bzzz sur “rat” et enfin un claquement de pied sur “pas”) : cela permet a l’enfant de prendre conscience des syllabes.

Mon beau sapin

Les paroles sont assez différentes de la chanson initiale, seul le début de la chanson est repris : « Mon beau sapin, roi des forêts, que j’aime ta verdure”, puis à chaque page, nous découvrons d’autres aspects du sapin : les racines, l’écorce, les pignes, les aiguilles.. et finalement, une surprise arrive!

Les illustrations sont sublimes, une belle comptine à chanter autour des fêtes de fin d’année!

Auteure/Illustratrice : Mylène Rigaudie

Date de parution : Octobre 2012

Prix : 9,95 euros (ou format “mes comptines en or” : 6,95 euros)

  • Vocabulaire du sapin
  • Syntaxe (structure redondante)
  • Pointer du doigt les éléments du sapin sur chaque page.
  • Mettre l’intonation de surprise et d’interrogation lorsque le cadeau arrive. Avec un enfant plus grand : lui demander de prédire qui apporte le cadeau, ce qu’il contient, pour qui est le cadeau…

Ah! Les crocodiles!

Une comptine très populaire auprès des enfants! Dans cet album, les paroles sont modifiées pour raconter une histoire plus accessible pour les tout-petits. Il est toujours possible de chanter les paroles sur l’air de la comptine initiale, mais le refrain n’est repris qu’au début et à la fin du livre.

Au-delà du texte revisité, j’aime les illustrations colorées, et la coupure dans la comptine, alors que les crocodiles tombent d’une falaise, rendant la comptine/lecture captivante.

Auteure/Illustratrice : Sylvia Dupuis

Date de parution : Aout 2006

Prix : 9,95 euros

  • Familiarisation avec les sons (allitérations)
  • Vocabulaire
  • Syntaxe
  • Accompagner votre chant/lecture de gestes, pointer du doigt sur les pages.
  • Mettez les intonations lorsque le texte ne se chante pas : “au secours!”…
  • Avec un enfant plus grand, lisez le texte, comme une histoire, et sollicitez votre enfant “Vont-ils trouver les éléphants?”, “pourquoi les animaux se cachent?”, etc.

6 raisons de chanter des comptines dans votre langue maternelle

“Une souris verte,  qui courait dans l’herbe, je l’attrape…”. Il y a fort à parier que vous êtes tous capables de compléter cette comptine populaire!

Ces chansonnettes, très mémorables, sont plus qu’une distraction, elles ont beaucoup de bienfaits pour votre tout-petit!

L’avantage des comptines, c’est que nous n’avons pas besoin de surcharger les valises en rentrant de France, elles se transportent très bien!

Mais justement, pourquoi chanter ces comptines dans ma langue plutôt que dans la langue du pays d’accueil?

1 - Les comptines enrichissent le vocabulaire

Les comptines sont pleines de mots que votre tout-petit n’aura pas l’occasion d’entendre dans son quotidien. Ceci est d’autant plus vrai si votre enfant ne grandit pas dans un pays francophone, où les occasions de l’exposer à votre langue maternelle sont plus rares. Votre enfant sait peut-être déjà que les chaussures peuvent aussi s’appeler “shoes”, mais sait-il qu’on peut aussi les appeler “savates”, ou qu’un bateau peut aussi être appelé un “navire”?

Si vous êtes lassés de répéter encore et toujours les mêmes comptines, sachez que cette répétition, tout comme les gestes qui accompagnent souvent ces chansonnettes, aident votre tout-petit à mémoriser tous ces mots!

2 - Les comptines familiarisent l’enfant à sa langue maternelle

La comptine est un outil adapté pour former l’oreille des enfants aux caractéristiques de leur langue maternelle : les intonations, le rythme de la parole, le timbre et les modulations de la voix, et bien entendu les sonorités de la langue.

Vous exagérez sûrement certaines intonations lorsque vous chantonnez ces comptines. N’ayez pas peur du ridicule, cela met en relief les sons de la langue, donnant envie à l’enfant de les imiter. Contrairement au langage du quotidien, les comptines ont beaucoup de mots qui riment et se répètent, ce qui accentue également ces sonorités.

Les très jeunes enfants sont sensibles au rythme et intonations avant de comprendre le langage, c’est par conséquent une très bonne première approche de leur langue maternelle, dès la naissance.

3 - Les comptines aident l’enfant à raconter une histoire

Par le biais des comptines, votre enfant a l’occasion de répéter des modèles de phrases affirmatives, interrogatives, exclamatives, etc. Il s’approprie ainsi des modèles syntaxiques de sa langue maternelle, qui l’aideront à consolider son discours.

Pour raconter une histoire, il faut non seulement de belles phrases, mais également une chronologie. Certaines comptines offrent une séquence temporelle, avec un début, un milieu et une fin, ce qui permet à votre enfant de se familiariser avec cette structure.

Vous vous êtes probablement déjà fait la réflexion que certaines comptines ont une histoire farfelue, sans queue ni tête. Ces comptines saugrenues ont du bon : elles stimulent l’imagination de votre enfant!

4 - Les comptines préparent l’enfant à la lecture

Et si je vous disais que toutes les compétences citées jusqu’ici sont aussi des facteurs favorisant l’apprentissage de la lecture?

Et oui, un enfant qui connaît beaucoup de mots a plus de facilité à déchiffrer, car il est plus simple de décoder un mot connu.

Les sons de la langue sont essentiels à l’apprentissage de la lecture : avec leur mise en relief, l’enfant comprend que les mots sont composés de sons. Votre enfant, qui aura entendu à maintes reprises la rime “mur/dur”, pourra comprendre que les sons [m] et [d] sont des sons à part entière : en changeant ces sons uniquement, on obtient deux mots différents.

Enfin, la chronologie de la comptine est également importante pour la lecture, puisque l’enfant sera amené à lire des histoires.

Mais alors, si votre enfant est amené à être scolarisé dans une langue autre que le français, devriez-vous lui réciter des comptines dans cette autre langue? Vous pouvez bien entendu le faire, mais voici des raisons pour vous encourager à le faire dans votre langue maternelle :

  • comme il s’agit de VOTRE langue, vous lui donnez le meilleur modèle langagier, ce qui sera un tremplin pour acquérir de bonnes bases dans la seconde langue;
  • les notions que votre enfant aura acquises par ces comptines ne seront pas à refaire entièrement dans la seconde langue, de nombreuses notions peuvent être transférées à l’autre langue.

5 - Les comptines favorisent le développement social

La récitation de comptines est un moment privilégié avec son enfant. Dans quelle langue vous viennent les mots d’amour pour votre enfant? C’est celle que vous devriez également utiliser pour ces moments intimes. Les études ont montré que le nouveau-né préfère une comptine chantée pendant la grossesse à des comptines inconnues. Cela nous montre le pouvoir sécurisant de ces comptines. Elles sont une source de réconfort tout au long de l’enfance : avant de dormir, pour rassurer, consoler,… C’est le coeur qui parle dans ces moments, il est naturellement plus facile de réconforter avec les comptines qui ont été réconfortantes dans notre propre enfance.

Plus tard, les comptines sont souvent chantées en groupe, et peuvent d’ailleurs faire le lien entre la maison et l’école : l’enfant y retrouve des comptines qu’il connaît déjà. Si votre enfant n’est pas scolarisé dans votre langue maternelle, vous pouvez trouver des chansons qui existent dans les deux langues.  Il a déjà été observé que des enfants étaient capables d’anticiper les gestes d’une chanson qu’ils connaissaient, en l’entendant dans une langue qu’ils ne parlaient pas, et même d’en apprendre les paroles très rapidement.

6 - Les comptines favorisent la transmission de notre culture

La dernière raison, mais qui est probablement celle qui devrait finir de vous convaincre : la transmission d’un héritage culturel. Toutes les comptines ne sont pas traduites ou ne se traduisent pas d’une langue à l’autre. Les comptines sont culturelles, elles se transmettent par la tradition orale depuis la nuit des temps, au même titre que les dictons, les proverbes, les contes ou les légendes. Au-delà de votre langue, c’est donc une part importante de votre culture que vous transmettez à votre enfant en récitant ces comptines. Elles se transmettent de génération en génération : nous avons tous le souvenir de comptines de notre enfance. Elles nous rappellent bien souvent des souvenirs agréables, des émotions fortes.

Les comptines ont donc beaucoup de bienfaits pour votre tout-petit, et cette liste n’est pas exhaustive : j’aurais aussi pu évoquer le développement de la motricité, de la mémoire, de l’attention, des mathématiques, de la musicalité… Je me suis cependant attardée ici sur les raisons de proposer ces comptines dans votre langue maternelle.

“Une souris verte,  qui courait dans l’herbe, je l’attrape…”. Il y a fort à parier que vous êtes tous capables de compléter cette comptine populaire!

Ces chansonnettes, très mémorables, sont plus qu’une distraction, elles ont beaucoup de bienfaits pour votre tout-petit!

L’avantage des comptines, c’est que nous n’avons pas besoin de surcharger les valises en rentrant de France, elles se transportent très bien!

Mais justement, pourquoi chanter ces comptines dans ma langue plutôt que dans la langue du pays d’accueil?

1 - Les comptines enrichissent le vocabulaire

Les comptines sont pleines de mots que votre tout-petit n’aura pas l’occasion d’entendre dans son quotidien. Ceci est d’autant plus vrai si votre enfant ne grandit pas dans un pays francophone, où les occasions de l’exposer à votre langue maternelle sont plus rares. Votre enfant sait peut-être déjà que les chaussures peuvent aussi s’appeler “shoes”, mais sait-il qu’on peut aussi les appeler “savates”, ou qu’un bateau peut aussi être appelé un “navire”?

Si vous êtes lassés de répéter encore et toujours les mêmes comptines, sachez que cette répétition, tout comme les gestes qui accompagnent souvent ces chansonnettes, aident votre tout-petit à mémoriser tous ces mots!

2 - Les comptines familiarisent l’enfant à sa langue maternelle

La comptine est un outil adapté pour former l’oreille des enfants aux caractéristiques de leur langue maternelle : les intonations, le rythme de la parole, le timbre et les modulations de la voix, et bien entendu les sonorités de la langue.

Vous exagérez sûrement certaines intonations lorsque vous chantonnez ces comptines. N’ayez pas peur du ridicule, cela met en relief les sons de la langue, donnant envie à l’enfant de les imiter. Contrairement au langage du quotidien, les comptines ont beaucoup de mots qui riment et se répètent, ce qui accentue également ces sonorités.

Les très jeunes enfants sont sensibles au rythme et intonations avant de comprendre le langage, c’est par conséquent une très bonne première approche de leur langue maternelle, dès la naissance.

3 - Les comptines aident l’enfant à raconter une histoire

Par le biais des comptines, votre enfant a l’occasion de répéter des modèles de phrases affirmatives, interrogatives, exclamatives, etc. Il s’approprie ainsi des modèles syntaxiques de sa langue maternelle, qui l’aideront à consolider son discours.

Pour raconter une histoire, il faut non seulement de belles phrases, mais également une chronologie. Certaines comptines offrent une séquence temporelle, avec un début, un milieu et une fin, ce qui permet à votre enfant de se familiariser avec cette structure.

Vous vous êtes probablement déjà fait la réflexion que certaines comptines ont une histoire farfelue, sans queue ni tête. Ces comptines saugrenues ont du bon : elles stimulent l’imagination de votre enfant!

4 - Les comptines préparent l’enfant à la lecture

Et si je vous disais que toutes les compétences citées jusqu’ici sont aussi des facteurs favorisant l’apprentissage de la lecture?

Et oui, un enfant qui connaît beaucoup de mots a plus de facilité à déchiffrer, car il est plus simple de décoder un mot connu.

Les sons de la langue sont essentiels à l’apprentissage de la lecture : avec leur mise en relief, l’enfant comprend que les mots sont composés de sons. Votre enfant, qui aura entendu à maintes reprises la rime “mur/dur”, pourra comprendre que les sons [m] et [d] sont des sons à part entière : en changeant ces sons uniquement, on obtient deux mots différents.

Enfin, la chronologie de la comptine est également importante pour la lecture, puisque l’enfant sera amené à lire des histoires.

Mais alors, si votre enfant est amené à être scolarisé dans une langue autre que le français, devriez-vous lui réciter des comptines dans cette autre langue? Vous pouvez bien entendu le faire, mais voici des raisons pour vous encourager à le faire dans votre langue maternelle :

  • comme il s’agit de VOTRE langue, vous lui donnez le meilleur modèle langagier, ce qui sera un tremplin pour acquérir de bonnes bases dans la seconde langue;
  • les notions que votre enfant aura acquises par ces comptines ne seront pas à refaire entièrement dans la seconde langue, de nombreuses notions peuvent être transférées à l’autre langue.

5 - Les comptines favorisent le développement social

La récitation de comptines est un moment privilégié avec son enfant. Dans quelle langue vous viennent les mots d’amour pour votre enfant? C’est celle que vous devriez également utiliser pour ces moments intimes. Les études ont montré que le nouveau-né préfère une comptine chantée pendant la grossesse à des comptines inconnues. Cela nous montre le pouvoir sécurisant de ces comptines. Elles sont une source de réconfort tout au long de l’enfance : avant de dormir, pour rassurer, consoler,… C’est le coeur qui parle dans ces moments, il est naturellement plus facile de réconforter avec les comptines qui ont été réconfortantes dans notre propre enfance.

Plus tard, les comptines sont souvent chantées en groupe, et peuvent d’ailleurs faire le lien entre la maison et l’école : l’enfant y retrouve des comptines qu’il connaît déjà. Si votre enfant n’est pas scolarisé dans votre langue maternelle, vous pouvez trouver des chansons qui existent dans les deux langues.  Il a déjà été observé que des enfants étaient capables d’anticiper les gestes d’une chanson qu’ils connaissaient, en l’entendant dans une langue qu’ils ne parlaient pas, et même d’en apprendre les paroles très rapidement.

6 - Les comptines favorisent la transmission de notre culture

La dernière raison, mais qui est probablement celle qui devrait finir de vous convaincre : la transmission d’un héritage culturel. Toutes les comptines ne sont pas traduites ou ne se traduisent pas d’une langue à l’autre. Les comptines sont culturelles, elles se transmettent par la tradition orale depuis la nuit des temps, au même titre que les dictons, les proverbes, les contes ou les légendes. Au-delà de votre langue, c’est donc une part importante de votre culture que vous transmettez à votre enfant en récitant ces comptines. Elles se transmettent de génération en génération : nous avons tous le souvenir de comptines de notre enfance. Elles nous rappellent bien souvent des souvenirs agréables, des émotions fortes.

Les comptines ont donc beaucoup de bienfaits pour votre tout-petit, et cette liste n’est pas exhaustive : j’aurais aussi pu évoquer le développement de la motricité, de la mémoire, de l’attention, des mathématiques, de la musicalité… Je me suis cependant attardée ici sur les raisons de proposer ces comptines dans votre langue maternelle.

La « musique des mots » de Thierry Dedieu

Dans une précédente chronique, je vous recommandais des livres avec des contrastes en noir et blanc pour les nouveau-nés. La collection “Bon pour les bébés” de Thierry Dedieu est également un très bon ajout à faire dans la bibliothèque d’un nourrisson.

Une collection surprenante

Parmi les titres des albums, vous retrouverez le nom de comptines populaires : rien de surprenant jusque là! Mais vous trouverez également des titres plus étonnants qui évoquent la littérature, les mathématiques, des virelangues, des recettes, ou encore la météo!

Mais quelle idée me direz-vous?!

Si les nouveau-nés ont une vision encore immature, ils ne comprennent pas non plus encore les mots que vous prononcez, mais ils sont très sensibles à la musicalité des mots! C’est pour cette raison que vous pouvez commencer la lecture de livres dès la naissance. Le bébé ne comprend pas le texte, mais il entend le rythme de la parole, les intonations et la mélodie de votre voix, les sons de la langue…Vous pouvez donc lire ce que vous souhaitez : votre livre de chevet, la recette que vous êtes en train de réaliser, etc. C’est sur ce principe que cette collection a été créée.

Ces albums “bon pour les bébés” portent donc bien leur nom! Trois atouts sont réunis pour plaire dès la naissance :

  • des contrastes en noir et blanc, mieux perçus par les tout-petits;
  • un très grand format, adapté aux bébés qui ne voient pas encore comme les adultes;
  • des textes avec une musicalité, qui intrigue l’oreille de votre tout petit en le familiarisant avec les sons de la langue.

Les bienfaits de la lecture dès la naissance

Cette chronique est donc l’occasion de rappeler l’intérêt de lire des livres avant que bébé ne soit capable de comprendre le texte.

  • C’est un moment privilégié avec votre bébé, ce qui favorise le lien d’attachement.
  • Votre bébé s’initie à sa langue maternelle : rythme, sons, intonations…
  • C’est l’occasion d’entendre des mots de vocabulaire que l’on n’entendrait pas au quotidien.
  • La lecture l’expose à diverses émotions (notamment dans votre voix et vos expressions faciales).
  • Les livres le familiarise à une variété de visuels : formes, chiffres, objets, etc.
  • La lecture devient un moment habituel et agréable, ce qui amène le goût de la lecture.

Et si les livres de Thierry Dedieu sont adaptés dès la naissance, ils sont aussi appréciés des enfants plus âgés, c’est donc un livre qui peut évoluer avec votre enfant!

La collection

Les comptines

  • Le petit ver tout nu
  • Dans sa maison, un grand cerf
  • Une souris verte
  • L’empereur, sa femme et le p’tit prince
  • Une poule sur un mur

Des classiques qui fonctionnent toujours à merveille!

Les mathématiques

  • Le triangle de l’hypoténuse côté
  • La table de deux

Ces livres n’ont pas la prétention de faire de vos bébés des génies, mais de les exposer à une variété de langage!

La météo

  • Météo marine

Parce que pourquoi pas! 🙂 Tout peut être lu à un bébé pour le baigner dans le langage!

Les virelangues

  • Tas de riz, tas de rats
  • Pinicho Oinicho

J’ai vraiment un coup de coeur pour les virelangues! Approuvés également par ma fille! Entraînez-vous avant de le lire à bébé!

La littérature

  • Le corbeau et le renard
  • Un roc pic un cap péninsule

Belle introduction au monde de la littérature, avec des textes qui peuvent avoir de belles intonations et mélodies!

Les recettes

  • Bon appétit
  • La recette, les crêpes

J’avoue que ceux-ci m’ont un peu surprise au départ, de mon point de vue d’adulte, je n’ai pas compris. Ils prouvent qu’il n’est pas nécessaire de prendre des histoires attendues dans les livres d’enfants que pour exposer nos bébés à la musicalité des mots!

Auteur : Thierry Dedieu

Edition  : Seuil Jeunesse

Format du livre : Livre cartonné très grand format (28x38cm)

Age : dès la naissance

Langue(s) : français

Dates de Parution : entre mars 2015 et mars 2019

Prix : 14,50 euros

  • Intérêt pour le livre
  • Musicalité du langage : intonations, mélodie, rythme, sons.
  • Vocabulaire
  • Placez-vous face à votre bébé : selon son âge, bébé peut être sur le dos, sur le ventre, ou assis. Cela permettra à votre bébé de voir votre visage : vous capterez ainsi mieux son attention et il pourra voir votre bouche et vos expressions faciales.
  • N’hésitez pas à pointer du doigt sur les livres pendant votre lecture. Cela rend la lecture plus interactive, et aide votre enfant à mettre du sens sur les mots.
  • N’oubliez pas de mettre des intonations dans votre lecture : c’est la musique des mots que l’on recherche à travers ces textes. Nul besoin de chanter, l’intonation et le rythme de voix sont suffisants!
  • Avec les plus grands, commentez les images, posez des questions sur ce qui est représenté.

Choisir un livre en noir et blanc pour un nouveau-né

Que vous attendiez un enfant (auquel cas, toutes mes félicitations!), ou que vous cherchiez un cadeau pour un bébé, un livre est toujours une bonne idée! Dans la première bibliothèque de bébé, il est intéressant d’avoir un ou deux livres avec des images contrastées en noir et blanc.

En plus, ce livre a un avantage, quand nous sommes à l’étranger : il peut être acheté dans la langue de notre choix, car il ne comporte bien souvent aucun texte.

Pourquoi des livres en noir et blanc?

Contrairement à la croyance populaire, les bébés ne voient pas la vie en noir et blanc. Même si sa vision est limitée, le nouveau-né perçoit néanmoins les nuances de couleurs (foncé/clair). Autour de 3 mois, le bébé discerne déjà mieux les détails, comme les motifs ou les reliefs, et commence à percevoir les couleurs de base. Vers 5 mois, il est capable de distinguer les couleurs comme les adultes, même si sa vision continue d’évoluer. Non seulement, il ne voit pas la vie en noir et blanc, mais sa vision se développe rapidement.

Vous me direz alors, pourquoi utiliser des livres en noir et blanc?

Capter l’attention d’un nouveau-né n’est pas si facile, encore moins avec un livre! Les contrastes, que procurent le noir et le blanc, nous offrent alors un support qui attire davantage le regard de bébé. Ces albums sont donc UNE des suggestions de livres à proposer à un bébé, dès la naissance, pour lui permettre de faire sa première entrée dans le monde des livres. Il ne faut cependant pas remplir sa bibliothèque de ces albums! Variez les plaisirs dès la naissance, et si vous le souhaitez, vous pouvez aussi trouver des livres avec des contrastes colorés (ex : “baby sees colors”).

Mais alors, quels livres en noir et blanc sélectionner?

Il y a une grande panoplie de choix, vous ne pouvez pas vraiment vous tromper : choisissez un livre avec des formes simples et très contrastées. Les livres de Tana Hoban (Noir sur blanc, Blanc sur Noir, etc.) sont très populaires. Je vous présente ici ceux que j’ai utilisés avec ma fille depuis sa naissance, car ce sont des livres que je recommanderais aussi, mais vous trouverez de nombreuses autres options dans votre librairie locale ou en ligne.

"Mon grand livre sonore" - Editions Tourbillon

Cet album s’ouvre en accordéon, il peut donc être placé “debout” sur le tapis d’éveil de votre enfant, ce qui permet aussi de proposer un divertissement pendant les moments de jeux à plat ventre. Un côté présente des formes géométriques très simples en noir et blanc, alors que l’autre côté présente des dessins de visages aux traits simples, très contrastés.

Comme l’indique le nom du livre, cet album propose également cinq musiques, mais aussi cinq lumières qui clignotent. Je ne suis habituellement pas fan des jeux pour enfants qui s’allument ou font du bruit, mais celui-ci n’est pas sur-stimulant pour l’enfant. Par ailleurs, je l’ai utilisé à une période durant laquelle ma fille n’était pas capable de secouer un hochet pour produire le son par elle-même, et elle était très attirée par la lumière du plafonnier ou la guirlande lumineuse du sapin! Ce livre offre ce genre de stimulation sensorielle pour le tout-petit. Les musiques varient de la berceuse à des chansons plus rythmées, et on peut moduler le son (fort/moins fort).

Si ce livre plaît aux jeunes bébés, il peut être ressorti lorsque bébé est capable d’actionner seul la musique. Et pourquoi pas, le ressortir avec un enfant plus grand (qui sera content de voir un de ses livres de bébé!) pour stimuler son imaginaire : peut-être verra-t-il des fleurs, des vagues ou des choses encore plus surprenantes dans ces formes géométriques! (voir astuces)

Maison d’édition  : Editions Tourbillon

Format du livre : Livre cartonné en accordéon, livre sonore et lumineux

Age : dès 10 mois (mon avis : dès la naissance)

Langue(s) : sans texte

Date de parution : Septembre 2017

Prix : 17,95 euros

  • Intéret pour le livre
  • Vocabulaire de la famille
  • Vocabulaire du schéma corporel (visage)
  • Onomatopées (voir astuces)
  • Disposer le livre en accordéon sur le tapis d’éveil de bébé ou sur le bord de la table à langer. Peut aussi être proposé pendant les moments de jeux à plat ventre sur le tapis.
  • Jouer avec les sons : suivre les formes géométriques avec son doigt en verbalisant avec des onomatopées : oh! Oh! oh! Sur les petits points, ou encore oooOOoooh sur les vagues par exemple.
  • Pointer les parties du visage sur les images, puis pointer sur soi ou sur le bébé en verbalisant “bouche”, etc.
  • Pour les bébés plus grands : allumer la musique et laisser votre enfant réclamer de nouveau. L’enfant va évoluer dans sa demande : d’abord avec une vocalisation toute simple, puis avec un geste (le geste “encore” ou n’importe quel geste), et enfin par un mot. S’il est capable d’actionner seul la musique, vous pouvez aussi éteindre la musique : il sera ainsi obligé de vous solliciter pour de l’aide.
  • Pour un enfant : stimuler son imaginaire avec les formes géométriques : que pourrait représenter cette forme? Peut-être y verra-t-il un soleil, un volant ou des choses bien plus surprenantes!

"Imagier à toucher" - Pascale Estellon

Comme le livre précédent, cet album s’ouvre en accordéon, ce que j’ai beaucoup aimé pour les premiers mois de vie. Dans ce livre, ce sont des images d’objets en noir et blanc, avec des touches de couleurs, que l’on retrouve : escargot, fleur, enfants, etc.

Cet album propose également une stimulation sensorielle, mais par le toucher cette fois. En effet, les images sont en relief, on peut donc aussi toucher les contrastes! Les petits doigt peuvent ainsi tourner sur la coquille de l’escargot, monter les escaliers, ou encore actionner les ailes du moulin. L’aspect tactile permet de rendre ce livre évolutif, car il peut être proposé par la suite, au bébé qui développe sa dextérité. Il peut également être proposé à l’enfant qui parle, pour l’amener à décrire les formes qu’il sent sous le bout de son doigt.

Il existe une autre version de ce livre : Imagier pour jouer.

Auteur : Pascale Estellon

Maison d’édition  : Editions des Grandes Personnes

Format du livre : Livre cartonné en accordéon, qui se range dans une pochette cartonnée

Age : dès la naissance

Langue(s) : sans texte

Date de parution : Septembre 2013

Prix : 12,50 euros

  • Intérêt pour le livre
  • Vocabulaire (objets)
  • Vocabulaire des formes
  • Disposer le livre en accordéon sur le tapis d’éveil de bébé, ou sur le bord de la table à langer. Peut aussi être proposé pendant les moments de jeux à plat ventre sur le tapis.
  • Passé le stade du nourrisson, on peut prendre le doigt du bébé pour lui faire ressentir les contrastes, puis lui offrir de nouveau ce livre plus tard pour qu’il découvre seul avec ses doigts les reliefs.
  • Avec un bébé plus grand, on peut verbaliser le toucher : la spirale tourne tourne tourne, “bbb bbb” les bulles du poisson, “ffff” les vagues sous le bateau, “plic ploc” la pluie, “hop hop” on monte les escaliers, etc. On peut parler des formes, pour décrire les images : pour dessiner une fleur, on fait un rond, puis un nuage avec un trait pour faire la tige, etc.

Qu’est-ce que le bilinguisme?

A cette question, nous répondons tous instinctivement que le bilinguisme c’est être capable de parler deux langues. La réponse est-elle si simple? Faut-il connaître ses deux langues avec perfection pour être considéré bilingue? Devons-nous savoir lire et écrire dans les deux langues?

Dans cet article, je vous propose de revenir sur ces critères qui permettent de définir une personne bilingue, mais aussi de comprendre en quoi cette définition peut avoir une importance quand un petit être bilingue grandit à nos côtés.

Le mythe du bilingue parfait

Avant de rédiger cet article, j’ai souhaité sonder mon entourage (bilingue ou non) sur la définition du bilinguisme. Une réponse a retenu mon attention : une amie disait ne pas se sentir bilingue alors qu’elle vit aux Etats-Unis depuis des années, et utilise sans difficulté l’anglais au quotidien. Selon elle, un bilingue, c’est une personne qui « maîtrise à 100% deux langues, aussi bien à l’oral qu’à l’écrit, qui est capable de parler les deux langues sans difficulté de façon équivalente et sans accent”.

L’image du bilingue “parfait” est encore très répandue, mais correspond-t-elle a la réalité? C’est la description que pouvait en faire le linguiste Bloomfield en 1935. Il définissait alors le bilinguisme ainsi : « la connaissance de deux langues comme si elles étaient toutes les deux maternelles”.

L’accent est mis sur les compétences linguistiques dans les deux langues : un bilingue se doit d’avoir une maîtrise parfaite des langues qu’il parle. Avec une telle définition, peu de personnes peuvent alors être considérées bilingues. En effet, il suffit de poser la question à l’envers : votre collègue allemand est-il monolingue, car il a un accent étranger quand il s’adresse à vous en français? Votre enfant qui a grandi aux USA est-il monolingue, car il ne connaît pas tout de la culture française? Suis-je moi-même monolingue, car j’ai appris l’anglais sur le tard?

A priori, cela semblerait tout aussi surprenant d’utiliser le terme de monolingue pour toutes ces personnes. Y’aurait-il alors de meilleurs bilingues que d’autres? Des bilingues parfaits et des moins parfaits.

L'importance de l'utilisation des langues

Selon François Grosjean, linguiste français, ce sont ces critères de perfection qui conduisent souvent les bilingues à critiquer leur propre bilinguisme. Il n’y aurait donc pas de bilingues plus parfaits que d’autres, mais des bilingues qui ne se considèrent pas comme tel à cause d’une définition trop stricte.

Un élément important entre alors dans la définition du bilinguisme : l’utilisation régulière des langues. Avec l’accentuation sur ce nouveau critère, toutes les personnes citées plus haut peuvent être considérées bilingues.

La connaissance des langues n’est cependant pas effacée de la définition, car il faut nécessairement un certain niveau de compétence pour les utiliser au quotidien, mais on ne parle plus de maîtrise parfaite ou équivalente de ces langues.

"Le bilinguisme est l'utilisation régulière de deux ou plusieurs langues ou dialectes dans la vie de tous les jours."

François Grosjean

Avec cette définition, les linguistes ne se focalisent plus sur les critères objectifs et mesurables, comme le nombre de mots connus ou les connaissances grammaticales dans chaque langue, mais sur la compétence communicative : ils préfèrent regarder les situations dans lesquelles les langues sont utilisées et dans quel but. Les langues sont utilisées dans diverses situations et avec différents objectifs : à  l’école, avec la fratrie, avec les grands-parents, au cours de natation, etc. Il est possible que votre enfant soit scolarisé en anglais, mais parle avec ses grands-parents en français. Le vocabulaire de l’école sera alors mieux connu en anglais, mais peut-être que les noms d’oiseaux, dont papi aime tant parler avec son petit-fils, seront mieux connus en français. Il n’y a donc pas de bilinguisme équilibré, ni de bilingues parfaits et imparfaits, il y a tout simplement autant de bilinguismes que de bilingues selon leurs expériences et leurs besoins.

François Grosjean retient donc deux critères principaux : la compétence linguistique et l’utilisation des langues. Le bilinguisme se définit selon lui par rapport à un continuum où l’on prend en compte la connaissance (minimale à maximale) et l’utilisation (rare à quotidienne). Chaque personne bilingue a un parcours et des besoins différents et se trouve donc à un endroit différent d’une autre personne bilingue sur ce continuum. Peu importe où vous vous trouvez sur ce continuum, si vous avez une connaissance suffisante pour utiliser deux langues sur une base régulière, vous êtes alors considéré bilingue.

Le saviez-vous? Il a été estimé que la moitié, voire plus, de la population du monde est bilingue ou plurilingue. Obtenir des données plus précises est cependant complexe, car cela dépend notamment des critères pris en compte dans les recensements. 

La définition pour le bilingue en devenir

En tant que parent d’enfant bilingue, quelle est l’utilité de bien connaître ces nuances dans la définition du bilinguisme?

En ayant en tête l’importance de l’utilisation régulière des langues, il vous est plus facile de comprendre comment offrir les meilleures chances à votre enfant de devenir bilingue. Il est en effet tout à fait possible d’offrir toutes les opportunités à votre enfant pour acquérir des connaissances dans une seconde langue, mais il est primordial de lui donner également les opportunités de l’utiliser sur une base régulière, sans quoi il lui sera difficile de devenir bilingue.

Par exemple, un enfant anglophone qui est uniquement exposé à des dessins animés français ne peut pas devenir un enfant bilingue, car il n’a pas l’opportunité d’utiliser le français. De même, un enfant dont les parents parlent français, mais à qui on parle la majorité du temps en anglais, et qui n’utilise que quelques mots de français ne peut pas être considéré bilingue. Il ne suffit pas de l’exposer à la langue, de lui donner les connaissances, il est indispensable de lui offrir les occasions d’utiliser cette langue.

Cette définition aura également toute son importance dans l’écriture de ce blog. Pour l’orthophoniste que je suis, il est tout aussi important de bien comprendre ce qu’est le bilinguisme et surtout ce qu’il n’est pas, afin d’évaluer de la façon la plus juste qui soit un enfant bilingue. Quand un enfant bilingue est évalué, il est primordial de ne pas attendre que ce dernier ait une maîtrise équivalente de la langue testée à celle de ses pairs monolingues. On doit tenir compte de l’utilisation qui est faite des langues parlées.

Pour les parents

  • Vous pouvez élever un enfant bilingue sans que la situation soit « parfaite ».
  • Donnez les opportunités à votre enfant d’utiliser ses langues.

A retenir

Pour l'orthophoniste

  • Lors d’un bilan, le contexte dans lequel les langues sont utilisées sont à prendre en compte : on doit adapter nos attentes par rapport aux besoins communicatifs de l’enfant.

Pour en savoir plus

  • Bilingual, Life and Reality – François Grosjean (chapitre 2) 
  • Parler plusieurs langues, Le monde des bilingues – François Grosjean (chapitres 1 et 2)
  •  Le bilinguisme, un atout dans son jeu– Agathe Tupula Kobola (chapitre 1) 
  • Guide à l’usage des parents d’enfants bilingues – Barbara Abdelilah-Bauer (introduction)